mardi 23 avril 2013

UN DESTIN WALLON, PAS BRUXELLOIS

C.Ernens, L'Avenir, 220413


Éliane Tillieux, les nouvelles compétences maisons de repos, on va les gérer entre Wallons ou avec les Bruxellois ?

En Wallonie. Ce serait ridicule de le faire à la Communauté parce qu’une partie de la politique personnes âgées est déjà régionalisée. Cela n’empêche pas les solidarités avec les Bruxellois.

Les maisons de repos sont moins chères en Wallonie. Les Bruxellois pourraient venir « occuper les places des Wallons ». Comment faire ?

Comme on le fait déjà pour les personnes handicapées : avec des accords de coopération entre Bruxelles et Wallonie. La Wallonie doit prendre ses responsabilités. On a l’occasion, en recevant de nouvelles compétences, de ne plus nous faire dicter des politiques qui ne nous conviennent pas. Il faut aller de l’avant, comme avec le Plan Marshall.

Mais la Wallonie reste pauvre. Les plus âgés sont vulnérables. On sait qu’une allocation ne suffit déjà plus à payer la maison de repos.

C’est vrai que les transferts de compétences font peur. Pour certains, c’est l’angoisse. Ce n’est pas ma philosophie. Nous pourrons justement, demain, agir avec plus de cohérence sur le parcours de santé des gens et avoir un plan plus homogène pour les plus âgés. Par rapport aux moyens financiers, et c’est toujours la même chose en politique, il faut évaluer les besoins et diversifier les solutions. La maison de repos est la solution la plus chère. C’est la solution all inclusive. Il faut développer d’autres solutions, moins chères.

Éliane Tillieux, vous êtes une régionaliste convaincue et affirmée.

Oui. Il faut vivre avec son temps. J’ai signé la proposition de constitution wallonne (pour une Wallonie indépendante, projet porté par Van Cau ou Happart en 2006, NDLR). Les Wallons doivent se prendre en main. Il n’y a rien de pire que de se faire imposer des choix en fonction de critères qui ne prennent pas en compte nos besoins. Et c’est ce qui risquait de nous arriver avec la Flandre. Nous devons réagir de manière fière.

Toutes les nouvelles compétences doivent être régionalisées ? Les hôpitaux, par exemple…

Je laisse le soin à ceux qui négocient les modalités de transferts de répondre à cette question.

Mais pour vous la Belgique, c’est fini. Vive la Wallonie.

Au niveau du modèle de la Belgique, nous sommes arrivés au terme d’un État unitaire. Je suis pour une Wallonie qui a son destin en mains. Je ne suis, par contre, pas du tout indépendantiste et encore moins rattachiste. Je ne veux pas que nous devenions la xième région de France. Et je n’oppose pas Wallonie et Flandre. Nous avons simplement des chemins différents à emprunter.

Et Bruxelles ?

C’est beaucoup plus complexe pour eux. On le voit bien avec les outils de gestion qu’ils doivent imaginer comme la Cocom et autres et où les Flamands sont partie prenante. Bruxelles a cependant un atout de ville internationale. Cela lui offre l’opportunité d’entrevoir un avenir en se fondant sur ses propres réalités de vie, différentes de la Wallonie.