C.Ernens, L'Avenir, 220413
Éliane Tillieux, les nouvelles compétences maisons de repos, on va les
gérer entre Wallons ou avec les Bruxellois ?
En Wallonie. Ce serait ridicule de le faire à la Communauté parce qu’une
partie de la politique personnes âgées est déjà régionalisée. Cela
n’empêche pas les solidarités avec les Bruxellois.
Les maisons de repos sont moins chères en Wallonie. Les Bruxellois
pourraient venir « occuper les places des Wallons ». Comment faire ?
Comme on le fait déjà pour les personnes handicapées : avec des accords
de coopération entre Bruxelles et Wallonie. La Wallonie doit prendre ses
responsabilités. On a l’occasion, en recevant de nouvelles compétences,
de ne plus nous faire dicter des politiques qui ne nous conviennent pas.
Il faut aller de l’avant, comme avec le Plan Marshall.
Mais la Wallonie reste pauvre. Les plus âgés sont vulnérables. On sait
qu’une allocation ne suffit déjà plus à payer la maison de repos.
C’est vrai que les transferts de compétences font peur. Pour certains,
c’est l’angoisse. Ce n’est pas ma philosophie. Nous pourrons justement,
demain, agir avec plus de cohérence sur le parcours de santé des gens et
avoir un plan plus homogène pour les plus âgés. Par rapport aux moyens
financiers, et c’est toujours la même chose en politique, il faut
évaluer les besoins et diversifier les solutions. La maison de repos est
la solution la plus chère. C’est la solution all inclusive. Il faut
développer d’autres solutions, moins chères.
Éliane Tillieux, vous êtes une régionaliste convaincue et affirmée.
Oui. Il faut vivre avec son temps. J’ai signé la proposition de
constitution wallonne (pour une Wallonie indépendante, projet porté par
Van Cau ou Happart en 2006, NDLR). Les Wallons doivent se prendre en
main. Il n’y a rien de pire que de se faire imposer des choix en
fonction de critères qui ne prennent pas en compte nos besoins. Et c’est
ce qui risquait de nous arriver avec la Flandre. Nous devons réagir de
manière fière.
Toutes les nouvelles compétences doivent être régionalisées ? Les
hôpitaux, par exemple…
Je laisse le soin à ceux qui négocient les modalités de transferts de
répondre à cette question.
Mais pour vous la Belgique, c’est fini. Vive la Wallonie.
Au niveau du modèle de la Belgique, nous sommes arrivés au terme d’un
État unitaire. Je suis pour une Wallonie qui a son destin en mains. Je
ne suis, par contre, pas du tout indépendantiste et encore moins
rattachiste. Je ne veux pas que nous devenions la xième région de
France. Et je n’oppose pas Wallonie et Flandre. Nous avons simplement
des chemins différents à emprunter.
Et Bruxelles ?
C’est beaucoup plus complexe pour eux. On le voit bien avec les outils
de gestion qu’ils doivent imaginer comme la Cocom et autres et où les
Flamands sont partie prenante. Bruxelles a cependant un atout de ville
internationale. Cela lui offre l’opportunité d’entrevoir un avenir en se
fondant sur ses propres réalités de vie, différentes de la Wallonie.