En ce moment, les déclarations pleuvent sur la relation entre
Bruxelles et la Wallonie au sein du monde politique francophone.
C'est Paul Magnette qui a, le premier, tenu un plaidoyer étonnant
pour "un Etat Wallonie-Bruxelles". Il a été suivi par Olivier
Maingain qui a lancé un appel pour une "nation Wallonie-Bruxelles".
Le weekend dernier, ce fut enfin au tour de Laurette Onkelinx de
plaider, quant à elle, pour un lien privilégié entre Bruxelles et la
Wallonie.
Bruxelles et les Bruxellois ont tout intérêt à ce que les
différentes communautés et régions de notre pays collaborent de
manière intensive. Un tandem Wallonie-Bruxelles exclusif est en
contradiction flagrante avec la structure étatique actuelle. En
rattachant Bruxelles à la Wallonie, le PS et le FDF enterrent les
équilibres institutionnels existants et se font involontairement les
avocats du séparatisme qu’ils redoutent pourtant tellement.
De plus, ils ne servent pas la cause des Bruxellois. Sans la
Flandre, Bruxelles disposera de moins de moyens financiers et ratera
ainsi des opportunités. La Communauté flamande investit chaque année
700 millions à Bruxelles. C’est près de 20% du budget total de la
Région de Bruxelles-Capitale et plus que toute l’opération de
refinancement dans le cadre de la sixième réforme de l’Etat. Outre
des investissements matériels, la Communauté flamande procède
également à des investissements immatériels à Bruxelles. Personne ne
met en doute le fait que la Communauté flamande enrichit Bruxelles
sur le plan de la culture, de l’enseignement, des soins, etc. La
qualité de nos institutions néerlandophones à Bruxelles est
incontestable et est également très appréciée des francophones.
Pour la même raison, la transformation de Bruxelles en une vraie
région-communauté provoquera un appauvrissement énorme. Bruxelles
n’a ni les moyens, ni l’envergure suffisante pour se charger seule
de compétences communautaires telles que l’enseignement comme le
plaident certaines personnalités de Groen. Si l’enseignement était
transféré aux régions, il connaîtrait, dans une région bruxelloise
extrêmement appauvrie, une diminution de l’offre, une baisse de la
qualité et une francisation extrême en un rien de temps.
Aujourd’hui, la réalité sur le terrain laisse peu de doute sur ce
dernier aspect. Là où les compétences communautaires (enseignement,
soins des seniors, crèches, soins de santé, etc.) sont déjà
aujourd’hui exercées par des institutions régionales à Bruxelles
(commune, CPAS, Interhospitalière Régionale des Infrastructures de
Soins, Commission Communautaire Commune, etc.), il existe un «
déficit » permanent vis-à-vis des habitants néerlandophones des 19
communes bruxelloises.
La Flandre a tout intérêt à ce que Bruxelles soit bien gérée et
sûre. Lorsque Bruxelles éprouve des difficultés, les conséquences
s’en font immédiatement ressentir dans la périphérie flamande et
au-delà. En tant que membres du CD&V, nous sommes en faveur
d’une Région de Bruxelles-Capitale efficace, qui puisse exercer
pleinement ses compétences régionales. Cela signifie que, pour le
CD&V, la première priorité à Bruxelles doit être de mettre en
œuvre la sixième réforme de l’Etat au lieu de se préoccuper déjà
aujourd’hui d’une septième réforme de l’Etat.
Mais Bruxelles, en tant que capitale, est également le lieu où les
néerlandophones et les francophones cohabitent dans ce pays et se
rencontrent sur un pied d’égalité. Elle représente la clé de voûte
du modèle institutionnel belge des trois régions et des deux grandes
communautés, avec d’un côté la Communauté française, qui aime se
faire appeler « fédération Wallonie-Bruxelles », et de l’autre la
Communauté flamande Vlaanderen-Brussel.
En tant que membres du CD&V, nous continuons à miser sur le
maintien de la vision communautaire pour les compétences
communautaires et la préservation des droits et de la protection des
néerlandophones à Bruxelles. Nous ne pouvons cependant garantir ces
droits que si les néerlandophones à Bruxelles continuent de faire
partie et de bénéficier du soutien de la Communauté flamande plus
large.
La Communauté flamande inclut Bruxelles. Pour le CD&V, cela va
tellement de soi que nous le soulignons trop peu. Car, tout comme
Bruxelles ne peut survivre sans la Flandre, la Flandre a besoin de
Bruxelles. Bruxelles est à la fois la capitale de la Flandre, de la
Belgique et de l’Europe. Bruxelles crée aussi 25% des emplois dans
notre pays et 30% du PIB. En outre, un emploi sur trois à Bruxelles
est occupé par un flamand. Avec ses nombreux sièges d’entreprises et
la présence importante de la communauté internationale, Bruxelles
joue également un rôle promotionnel et économique majeur pour la
Flandre. Bruxelles, qui est entre-temps devenue la capitale mondiale
non officielle des langues étrangères, offre à la Flandre une
fenêtre unique sur le monde.
Le CD&V est en faveur d’une région-capitale qui soit ouverte aux
deux communautés, sur le même pied d’égalité, et qui développe une
collaboration solide avec les deux autres régions. Mais il s’oppose
à une région-communauté bruxelloise qui se replie sur elle-même et à
une région qui développe un lien privilégié avec la Wallonie. Plus
le lien Wallonie-Bruxelles se renforcera, plus Bruxelles perdra son
rôle de capitale. Et que reste-t-il d’un pays sans capitale ?
Brigitte Grouwels, Walter Vandenbossche, Brigitte De Pauw, Bianca
Debaets
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