Dans un entretien au Soir, Paul Magnette, ministre fédéral, bientôt pleinement mayeur de Charleroi, décrit longuement son « défi carolo », explique comment il veut redresser la ville au plan économique et urbain, et appelle à « valoriser partout nos talents », comme la Flandre a su le faire, parce qu’il y a une « nation flamande »…
Extraits…
« On a plusieurs faiblesses, et je pense en premier, je vous l’ai dit, à la dynamique urbaine : les Flamands ont retrouvé le plaisir de faire du vélo en ville, je veux dire d’y habiter, ils ont redécouvert tout cela, et nous on est encore à discuter du Cwatup, des bassins de vie, des noyaux d’habitats… Alors qu’on devrait rapidement se mettre d’accord sur tout ça pour réenclencher nous aussi le phénomène urbain ; tous les économistes qui font de la géographie économique vous le diront.
Deux, il nous manque quand même une classe d’entrepreneurs wallons patriotes ! Un entrepreneur flamand me disait récemment sous forme de boutade : quand un Flamand fait fortune, il crée une deuxième société avec son fils, une troisième avec sa fille ; en Wallonie, il vend son entreprise et va jouer au golf en Espagne. C’est une caricature mais ce n’est pas totalement faux. On a toujours le discours sur les chômeurs qui ne veulent pas travailler ! J’appelle – si vous le permettez – au patriotisme des entrepreneurs wallons ! La sidérurgie s’est effondrée, le capital a filé… Des Jean Stephenne, il n’y en a pas eu vingt ! Et demain ?
J’ajoute : on est trop frileux sur notre propre valorisation culturelle. La Flandre a produit une nation notamment au travers de ses médias, elle met ses gens en valeur. Nous, on a des talents extraordinaires dans l’architecture, le design, la mode, la gastronomie, et on ne les met pas en valeur. On n’a pas construit une nation wallo-bruxelloise. On doit le faire. »