samedi 29 décembre 2012

KARL-HEINZ LAMBERTZ « Transformer la diversité en valeur ajoutée »

Publié dans le VIF du 14 décembre 2012
Sire,

L’histoire de la Belgique est l’histoire d’une recherche permanente d’équilibre dans les domaines les plus divers. Ainsi est né le très célèbre « compromis à la belge », cette arme secrète ouvrant selon le cas une voie royale ou une dernière issue à des conflits particulièrement épineux et extrêmement difficiles à résoudre, puisqu’ils opposent des positions de prime abord incompatibles et inconciliables.


Déjà en 1958, le rapport du groupe Harmel thématisait les tensions opposants Flamands et francophones. Durant le demi-siècle écoulé, l’Etat belge s’est progressivement transformé d’Etat unitaire décentralisé en Etat fédéral à tendance confédérale pour atténuer et maîtriser ces tensions. Accessoirement, il s’est enrichi d’un élément de diversité supplémentaire à chaque fois que la minorité germanophone est parvenue à rappeler son existence.
Cette mutation institutionnelle a engendré un important basculement du centre de gravité dans l’équilibre entre le niveau fédéral et celui des entités fédérées. Elle a débouché sur une bicéphalité asymétrique au niveau des Communautés et Régions. Toutefois, vu son exceptionnelle complexité, elle ne peut être considérée que comme étape provisoire.

Pour arriver à maturité, le modèle fédéral belge doit continuer à évoluer. Une des évolutions les plus importantes concernerait une restructuration au niveau des entités fédérées. En effet, dans l’état actuel des choses, la distinction entre compétences régionales et communautaires est souvent synonyme d’incohérence et d’inefficacité. Un modèle avec quatre entités fédérées – Flandre, Wallonie, Bruxelles et Communauté germanophone – s’inscrit dans la continuité de l’évolution déjà accomplie et participe à une logique de bonne gouvernance. De plus, cette structure présente une dimension polycentrique intéressante et ne s’oppose aucunement au maintien d’un certain nombre d’éléments asymétriques probablement nécessaires à un compromis équilibré. Ce modèle reflète incontestablement une réalité institutionnelle perçue par une grande majorité des populations respectives qui s’y reconnaissent de plus en plus. Un pareil équilibre ouvre également de nouvelles perspectives de coopérations entre les entités fédérées et de synergies avec le niveau fédéral.

Ces considérations me conduisent à songer à une Belgique mondialement réputée pour sa manière de transformer la diversité en valeur ajoutée. Réputation fondée sur son ingéniosité institutionnelle dont elle serait prête à partager le secret, sans pourtant jamais le révéler complètement.

Je prie Votre Majesté de daigner agréer l’expression de mon profond respect.

Karl-Heinz Lambertz est ministre-président de la Communauté germanophone

2 commentaires:

  1. La voie (voix !) de la sagesse !

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  2. .....vision idéale=rêvée...!
    Mais bien sûr préférable au flou artistique,à des voeux de fédération déjà dépassés...

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