Carte blanche de Jules Gheude, essayiste politique, président du Comité d’organisation des Etats généraux de Wallonie, dans « Le Soir » du mercredi 13 mai 2009
Il s’en trouvera toujours pour contester la légitimité et la
représentativité des États généraux de Wallonie, qui se sont tenus, ce 9 mai, à
l’Université de Liège.
Certains ont invoqué un
prétendu « lobbying rattachiste », alors que les responsables du « Rassemblement
Wallonie-France » avaient, dès le départ, demandé à leurs membres de ne pas
adhérer à l’initiative.
D’autres, comme les
responsables du « Mouvement du Manifeste Wallon » ont décidé de bouder
l’événement, invoquant l’absence d’invitation
formelle.
Lancé le 15 février 2008, le
« Manifeste pour la convocation des États généraux de Wallonie » s’adressait,
sans ambiguïté, aux forces vives de la Région et de la société civile au
travers de ses divers courants politiques et idéologiques. Chacun(e) avait
donc la faculté de le signer.
En août 2008, nous avons mis
sur pied trois commissions d’études, chargées d’analyser, à charge et à
décharge, les options d’avenir possibles pour la Wallonie dans l’hypothèse – de
plus en plus réaliste – d’un démantèlement, à court ou moyen terme, de la
Belgique. Il s’agissait vraiment du premier exercice du
genre.
Présentés à la presse le 15
janvier de cette année, les rapports des trois commissions ont été diffusés
auprès des milieux politiques, académiques, judiciaires, patronaux, syndicaux et
culturels, ainsi qu’auprès des divers mouvements associatifs.
En ce qui concerne la
légitimité de l’initiative, nous n’avons jamais eu l’intention de nous
substituer aux décideurs politiques. Nous avons demandé à chaque président de
parti de composer une délégation d’élus de sa formation et chaque député wallon
a reçu une invitation personnelle à participer aux États
généraux.
La matinée du 9 mai a été
consacrée aux réunions en commissions. Nous pouvons attester de la qualité et du
niveau élevé des discussions, basées sur les analyses fouillées et objectives
auxquelles nous avions procédé. C’est en parfaite connaissance de cause que les
participants ont pu se prononcer, l’après-midi, en séance plénière, sur les
trois options proposées : un État wallon indépendant, un État
Wallonie-Bruxelles, la réunion de la Wallonie à la France. On est donc ici à
mille lieux de la démarche qui consiste à sonder à brûle-pourpoint les gens sur
ces questions institutionnelles aux multiples implications.
Les résultats du vote ont
donné 74,4 % en faveur de la réunion à la France, 16,2 % pour un État wallon
indépendant et 9,4 % pour un État Wallonie-Bruxelles.
L’intervention du Français
Jacques Lenain, haut fonctionnaire s’exprimant comme simple citoyen, a
manifestement fait forte impression. L’intéressé envisage, conformément aux
dispositions de l’article 72 de la Constitution française, un statut
particulier, qui garantirait à la Wallonie un degré d’autonomie équivalent,
voire supérieur (avec l’acquisition des compétences dévolues actuellement à la
Communauté française), à celui qui est le sien aujourd’hui, ainsi que le
maintien de ses institutions régionales. Quant à l’État français, il assumerait
les obligations de l’ex-État belge.
Les Etats généraux se sont
clôturés par l’adoption, à l’unanimité, d’une motion, qui a été adressée à
l’ensemble des élus wallons, avec copie aux président(e)s de parti. Le texte
précise que le système fédéral belge, instauré progressivement et trop
tardivement à partir de 1970, n’a pas résolu les grands problèmes économiques,
sociaux et culturels énoncés dès 1945 par le Congrès national wallon, mais a par
contre permis à la Flandre d’évoluer vers un Etat-Nation riche et prospère.
Il souligne également que la profonde divergence des opinions publiques
flamande et wallonne empêche, depuis les élections législatives de 2007, la
formation d’un gouvernement fédéral stable et uni, capable de résoudre les
problèmes des gens et de faire face, de façon constructive, à la grave crise
économique, sociale et environnementale actuelle. Il engage aussi les
Wallonnes et les Wallons à prendre conscience de cette situation qui entraîne
irrémédiablement – à court ou à moyen terme – la disparition de l’Etat belge et
les appellent à se préparer avec courage et lucidité – et quelles que soient les
inévitables difficultés – à prendre résolument en main le destin de la
Wallonie. Il exprime enfin la solidarité avec les francophones de Bruxelles,
Région qui, en aucun cas, ne peut être abandonnée à la
Flandre.
Nous déplorons tout
particulièrement le nombre insuffisant des jeunes à ces Etats généraux. Nous
avions pourtant tenu à sensibiliser le Président de la Fédération des
Étudiant(e)s francophones, insistant sur le fait que l’avenir de ceux(celles)-ci
était ici concerné au premier chef.
Sans doute ne peut-on faire
le bonheur des gens contre leur gré. Mais nous estimons, avec cette démarche
citoyenne et pluraliste, avoir pris nos responsabilités en cette période de
grande incertitude.
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DEBAT INSTITUTIONNEL EN WALLONIE ET A BRUXELLES +++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
dimanche 16 décembre 2012
ETATS GENERAUX DE WALLONIE
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