vendredi 21 décembre 2012

LE REGIONALISME BRUXELLOIS SE RENFORCE

  
Mathieu Colleyn
Mis en ligne le 21/12/2012 
          
Un débat francophone nécessaire commence à poindre.
Comment articuler une structure institutionnelle francophone aujourd’hui très inconfortablement installée entre deux régions différentes, Bruxelles et la Wallonie ? Cette question relève, à première vue, de cette fameuse tuyauterie qui n’intéresserait que les politiques en mal de débats stériles. Elle est pourtant primordiale à l’approche de la prochaine échéance électorale de 2014. Et c’est précisément pour cela que la question est extrêmement sensible. Faut-il rappeler que la santé insolente de la N-VA promet un nouveau choc entre les deux principales communautés du pays ? Dans cette perspective, les francophones devront se doter d’un projet cohérent, disent tous les partis politiques. Mais à 18 mois des élections, une ébauche de ce projet fort semble bien difficile à dessiner.
Le sort de la Fédération Wallonie-Bruxelles et le rôle qu’elle doit avoir dans le développement d’un meilleur enseignement, évoqués par le président du PS bruxellois dans nos colonnes jeudi, ont suscité quelques réactions. Rudi Vervoort regrettait le fait que son camarade Rudy Demotte soit à la fois ministre-Président de la Fédération et de la Wallonie ? Son président de parti, Thierry Giet, se contente d’affirmer que la remise en cause de cette double casquette n’est pas à l’ordre du jour. A raison, mais à cela près que Rudi Vervoort évoquait plus la fonction que l’homme. Et donc l’après 2014.
Demotte parle d’amour
Se sentant directement visé par les déclarations de son camarade bruxellois, Rudy Demotte s’est pourtant fait plus amer : "On peut aimer, mais l’amour doit être bilatéral", a-t-il souligné au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en plein débat sur son budget. Il met en cause la Cocof, l’organe chargé des matières communautaires sur le sol bruxellois. "La Fédération Wallonie-Bruxelles a, à chaque fois, essayé d’associer les différentes entités francophones", a assuré Rudy Demotte, citant le partage des statistiques, ou encore la Banque-Carrefour, un outil de données inter-administrations que s’apprêtent à développer en commun la Fédération et la Région wallonne. "A chaque fois, la Cocof (l’organe gérant les compétences communautaires à Bruxelles, NdlR) a refusé" cette association, a déploré le chef des deux exécutifs, cité par l’Agence Belga. Son ministre Ecolo Jean-Marc Nollet l’a suivi. Au passage, Rudy Demotte condamne "ceux qui mettent en place des jalons de division entre francophones".
Alors que le CDH a préféré rester muet, Christos Doulkeridis (Ecolo), qui dirige la Cocof, y voit un débat "pitoyable" au sein du PS, estimant que la N-VA "doit bien rire". Il préconise plutôt un portefeuille, tel que celui du budget, à confier à un Bruxellois au sein du gouvernement de la Fédération.
Au Parlement de cette dernière, Marcel Cheron, le spécialiste Ecolo de l’appareil institutionnel belge, a toutefois regretté la "nonchalance francophone" quant à ce projet tant attendu. "Il ne faut pas traîner; discuter, c’est bien, mais ce sont des décisions qu’il faudra à brève échéance", confie ce promoteur d’un communautarisme qui perd du terrain dans les esprits wallons. "Je ne peux vouloir seul le bonheur de tout le monde", déplore d’ailleurs l’écologiste.
Mise en garde
Que faut-il lire derrière ces échanges? L’émergence d’un régionalisme au PS d’une capitale qui, dès les premières heures de son existence régionale, soutenait plutôt l’option communautaire. On notera qu’hier, aucun socialiste ne s’est opposé à Rudi Vervoort de manière frontale. Sauf peut-être son prédécesseur à la tête de la Fédération bruxelloise, Philippe Moureaux, qui, avant de désigner Rudi Vervoort comme meilleur remplaçant potentiel de Charles Picqué, met en garde les Bruxellois quant à leur relation avec les Wallons, sans qui aucune réforme en faveur de la Région-Capitale n’a été possible.
Reste qu’une vision régionaliste de l’avenir bruxellois devrait trouver des alliés en nombre au Sud du pays, notamment chez les socialistes. C’est forcé, ce débat devra avoir lieu au sein de chaque parti politique francophone avant qu’un projet commun ne voit le jour.

2 commentaires:

  1. Il serait utile que Mr Vervoort objective sa récente affirmation : "Car couper BXSL de la Wallonie c'est l'appauvrissement, d'abord pour les Wallons. BXSL, c'est la poule aux oeufs d'or" (LB du 20/12/12)

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    1. Philippe Moureau connaît les chiffres des transferts de la Wallonie vers BXSL via la Communauté française et l'a mis en garde...

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