VERS UNE FEDERATION A QUATRE REGIONS ?

Les discussions se poursuivent toujours autour du préformateur. Parmi les nœuds de la négociation : le sort de Bruxelles mais aussi la responsabilisation financière des régions et communautés. Sommes-nous en train de nous diriger vers une fédération à quatre régions ?

Philippe Van Parijs était l'invité de Matin première ce mardi. Pour le philosophe, économiste et professeur à l'UCL et à Harvard, il s'agit avant toute chose de savoir comment combiner une autonomie importante des régions avec le maintien d'une solidarité indispensable au niveau de la fédération belge.

"Je suis personnellement convaincu que nous irons, et sans doute plus rapidement que beaucoup ne l'attendent, vers une fédération à quatre régions qui soient au niveau des compétences sur un pied d'égalité, même si la nature de ces quatre régions sera inévitablement très différente. D'avoir la Flandre, la Wallonie, Bruxelles et la communauté germanophone qui serait aussi dotée de compétences régionales", a-t-il expliqué.

Pour le professeur, il s'agit avant tout de créer des paquets cohérents de compétences au niveau des quatre gouvernement régionaux de manière à ce que ces gouvernements puissent être responsabilisés pour ce qui se passe sur leur territoire, qu'ils aient en main les politiques de l'emploi, les politiques de l'enseignement, de la formation, de l'environnement,...

Bruxelles cogérée, une structure de type colonial

Quant à l'idée soulevée par Bart De Wever que Bruxelles soit cogérée par la communauté flamande et la communauté française, le professeur y voit une logique obsolète qu'il qualifie de structure coloniale.

"A mes yeux, le condominium qui est proposé par Bart De Wever, par la N-VA, c'est la seule manière pour la Flandre de devenir indépendante, tout en gardant la main sur Bruxelles mais c'est bien sur une structure de type colonial, puisque les Flamands et les Wallons auraient quand même quelque chose à dire à Bruxelles, alors que les Bruxellois n'auraient rien à dire en Wallonie et en Flandre, et être dominé par un petit Etat, ce serait déjà grave pour Bruxelles. Mais être cogérée par deux petits Etats, ce serait bien sûr un désastre total pour Bruxelles et donc aussi pour les deux autres régions".

Responsabiliser Bruxelles

Avec le système tel qu'il est en place aujourd'hui, Bruxelles n'est pas tout à fait une région à part entière. La Région bruxelloise n'a pas tout à fait les mêmes compétences, notamment au niveau de l'autonomie constitutive, que les autres régions, avec des compétences de la Communauté flamande et de la Communauté française, qui se recouvrent sur Bruxelles.

Pour Philippe Van Parijs, la première étape nécessaire serait de confier au gouvernement bruxellois les compétences de régulation en matière d'enseignement. Donc s'il faut faire de Bruxelles une région à part entière, c'est avant tout en permettant à Bruxelles d'avoir au sein de son gouvernement un ministre qui soit responsable de l'enseignement.

"C'est ca la priorité, beaucoup plus que la question de savoir si Bruxelles devrait vraiment être une région au même titre que toutes les autres, moi je crois que ce ne sera jamais le cas parce que Bruxelles tant qu'elle est la capitale de la fédération belge, inévitablement la fédération belge a des obligations à son égard mais aussi des droits. De même que tant que Bruxelles restera capitale de l'Union européenne, l'UE a des responsabilités à son égard mais aussi des droits. Donc à ce sens là, Bruxelles restera toujours spéciale au niveau de ses compétences", a-t-il souligné.


18.10.10