Préparer l’avenir
wallon ? Jean-Claude MARCOURT a raison !
Jean-Claude Marcourt me semble avoir dit
essentiellement deux choses :
Ces propos ont provoqué des réactions
très lyriques et très viriles. L’ampleur et le contenu de ces réactions sont
interpellantes et méritent certainement un commentaire.
Les critiques émises sont multiples et il
est sans doute bon de les examiner une à une :
1) les régionalistes wallons
veulent-ils renier l’accord politique qui a conduit à la formation des majorités
en Région wallonne et en Communauté française en 2009
?
Cet argument est totalement faux. Que du
contraire, lors des négociations en 2009, le point institutionnel central des
discussions a été l’abandon du concept de Communauté française pour celui de
Fédération Wallonie-Bruxelles. Cette position (unanime d’ailleurs entre majorité
et opposition) est inscrite à de multiples reprises dans la déclaration de
politique régionale wallonne et dans la déclaration de politique
communautaire.
LIEN :
WALLONIE BRUXELLES : une nouvelle
identité ? – 05/04/2010
L’abandon du concept de Communauté
française repose sur deux idées : l’affirmation du fait régional, dans une
Belgique qui a oscillé très longtemps dans le choix entre un modèle basé sur les
Communautés ou un modèle basé sur les Régions ; le maintien d’une structure à
vocation de coupole, qui prendra la forme d’une fédération. Jusqu’à présent,
cette idée a été concrétisée par un changement de nom et d’appellation : la
Communauté française est morte ; la Fédération Wallonie-Bruxelles est née ! Aux
yeux des régionalistes, il est évident que si il ne s’agit que d’un ravalement
de façade, c’est de la poudre aux yeux. Le concept de Fédération
Wallonie-Bruxelles est au cœur des déclarations de politique de 2009 et il doit
être mis en œuvre. Cela doit se traduire par deux éléments : un transfert des
compétences maximum vers les Régions (essentiellement l’enseignement, la
culture, les medias), d’une part, et d’autre part une modernisation du
fonctionnement de l’institution (essentiellement une modification dans les
allocations de moyens via une transformation de la fonction publique et la
transformation du Parlement de la Fédération en une instance de concertation
entre entités fédérées sur le type du futur Sénat fédéral
belge).
2) préparer l’avenir wallon,
est-ce un acte de repli sur soi ?
Si les Wallons ne réfléchissent pas à
leur avenir et ne se prennent pas en mains, on dit qu’ils sont inactifs : c’est
le syndrome wallon de l’inertie ! Par contre, si les Wallons parlent de leur
avenir, on leur reproche une volonté de repli sur eux-mêmes. Il faut savoir ce
que l’on veut ! Arrêtons la politique de l’autruche et constatons que nous
n’avons pas le choix : il faut activement réfléchir à l’avenir wallon, pas dans
20 ans mais maintenant. Pour des raisons très simples :
La crise économique est lourde et ne
permet pas de reporter la réflexion. Rien que pour cela, ne pas réfléchir à
notre avenir serait une faute.
Réfléchir activement à l’avenir wallon
est donc une nécessité pour ne pas nous retrouver enfermés demain : la Wallonie
a toujours été, culturellement et économiquement, une terre ouverte ; c’est lié
à sa position géographique, à son histoire et à son état d’esprit. Son avenir
doit être ouvert. Réfléchir à notre avenir activement aujourd’hui, c’est tout le
contraire d’une politique de repli sur soi !
En tant que wallon, l’accusation rapide
et facile de repli sur soi est d’ailleurs très blessante et est ressentie par
les Wallons comme une réponse méprisante, un peu à la manière dont les flamands
ont ressenti pendant des décennies l’arrogance des milieux francophones à leur
égard.
Nos amis bruxellois devraient d’une façon
générale, avoir plus de respect pour l’identité wallonne : Bruxelles n’est pas
le centre du monde ; les Wallons ont toujours été solidaires des Bruxellois,
ceux-ci doivent s’en souvenir et peut être, réfléchir à la manière d’aider la
Wallonie aussi. Dans un couple, la relation ne doit pas être à sens
unique.
La réflexion sur l’avenir de la Wallonie
n’est pas un réflexe identitaire ou nationaliste : c’est une
nécessité.
3) selon certains, ce n’est pas le
moment de parler d’institutionnel : le débat sur la fédération
Wallonie-Bruxelles n’est donc pas opportun !
Ceux qui affirment cela oublient
essentiellement trois choses :
4) le lien Wallonie-Bruxelles
doit-il être abandonné ?
Personne ne parle de cela ; agiter cet
épouvantail, c’est constituer un masque de fumée devant la
réalité.
Même si parfois, les Wallons ont le
sentiment que le lien est à sens unique, même si parfois les Wallons ressentent
dans les propos des Bruxellois à leur égard une réminiscence de la vieille
culture francophone belge qui a dominé les peuples wallon et flamand pendant des
décennies, ce lien doit être maintenu. Maintenu, oui mais amélioré et aménagé
compte tenu de l’évolution des besoins et des contraintes
extérieures.
Il est clair que la Wallonie et Bruxelles
ont des liens culturels, et que la défense des francophones dans l’Etat belge
nécessite une coordination étroite des politiques. Il est évident que des
intérêts économiques communs existent. Chacun en est conscient. Evoquer une
amélioration de l’efficacité du lien entre la Wallonie et Bruxelles, ce n’est
certainement pas prôner l’abandon du lien privilégié entre les deux
institutions. Il faut non pas abandonner la fédération, mais la reconstruire, en
mettant en œuvre le concept repris dans les déclarations de politique générale
adoptées en 2009 par le Parlement wallon et le Parlement de l’ex-Communauté
française.
5) quel peut être l’avenir de la
Fédération Wallonie-Bruxelles ?
Sur le plan institutionnel, l’avenir de
la Fédération Wallonie-Bruxelles est d’être une fédération (ce qui dit très bien
ce que cela veut dire), dont les vocations premières sont la coordination des
politiques spécifiques menées, et la défense des droits des francophones au sein
de l’Etat belge. Les compétences actuellement du ressort de la Fédération
doivent être confiées aux Régions (surtout l’enseignement et la culture), et
coordonnées entre les deux régions via une structure gouvernementale et
parlementaire à vocation de coupole. Les structures doivent être réformées : qui
niera la lourdeur excessive dans le travail parlementaire des séances au sein du
Parlement de la Fédération actuellement ? Faut-il mobiliser plus de 90 députés
une semaine sur deux, avec tout l’appareil administratif qui s’y associe, pour
être efficace ? Ces questions sont-elles tabous ? Pourquoi ne pas les aborder en
toute lucidité ? La même réflexion doit être menée en ce qui concerne
l’affectation des moyens, via une réflexion sur la fonction
publique.
La Wallonie doit développer ses atouts
géographiques au travers d’une politique d’ouverture internationale active. Nous
avons intérêt à travailler de façon coordonnée sur le plan économique avec les
Bruxellois, c’est une évidence, mais nous devons aussi travailler pleinement
avec les deux moteurs économiques puissants qui sont à nos frontières : la
Flandre et l’Allemagne. L’avenir de la Wallonie est à une position
institutionnelle à géométrie variable, sur le modèle en cours de développement
autour de la métropole lilloise par exemple. La réflexion sur notre avenir n’est
pas un repli sur soi.
6)
commentaire
L’avenir n’est pas à la politique de
l’autruche. Il n’est pas non plus à la tension entre Communautés ou Régions. Il
est à la lucidité et à l’action. Les Wallons ne pourront compter que sur
eux-mêmes pour en sortir. Qu’on ne leur reproche pas d’en avoir pris conscience
clairement !
Marc BOLLAND
Député wallon
Le 19 janvier
2012
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DEBAT INSTITUTIONNEL EN WALLONIE ET A BRUXELLES +++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
mercredi 19 décembre 2012
MARC BOLLAND S'EXPRIME AUSSI !
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