mercredi 19 décembre 2012

REGIONALISER L'ENSEIGNEMENT : POURQUOI ? ET COMMENT ?

Discours de Christiane CORNET (Secrétaire générale de la CGSP-Enseignement) lors de l'Assemblée du 22/11/2010 à Charleroi du Mouvement du Manifeste wallon
 
Régionalisation de l’enseignement. Cette revendication, l’aile wallonne de la C.G.S.P.-
Enseignement (rejointe un peu plus tard par la F.G.T.B. wallonne) la porte depuis 1995
envers et contre la plupart des responsables politiques et contre l’aile bruxelloise de
l’organisation, même si nous constatons qu’aujourd’hui leur position est moins visiblement
tranchée.
Qu’est-ce qui nous motivait à l’époque et nous motive encore aujourd’hui ?
D’abord, je citerai l’incapacité de la C.F. d’être un pouvoir public fort doté de réelles
capacités financières.
Les constats d’échec en cette matière sont légion.
Depuis sa création, la C.F. est confrontée à une impécuniosité permanente.
Et on ne peut que saluer la prudence actuelle en matière de révision de la Loi Spéciale de
Financement puisqu’il s’agit de transférer des compétences et les moyens budgétaires pour
les assumer.
L’enseignement l’a payé très cher.
Brièvement, les conséquences les plus importantes aujourd’hui sont de 5 ordres :
-
De multiples sacrifices (emplois – conditions de travail – dévalorisation du métier
dont aujourd’hui nous payons cash la facture) ;
La C.F., pouvoir public, est incapable de placer ses travailleurs dans des conditions
telles qu’ils puissent accomplir pleinement leurs missions.
-
Des choix défavorables à la notion même de Service Public.
L’enveloppe fermée pousse vers la privatisation (PPP) vers une autonomie accrue ...
-
Des appels incessants aux régions et presqu’exclusivement à la région wallonne, ce
qui rend les relations entre C.F. et R.W. principalement financières, avec des effets
visuellement timides et peu transparents.
-
L’isolement de certains facteurs (en l’occurrence ici l’éducatif et le culturel), ceux qui
en théorie ne sont pas rentables mais coûtent (alors qu’ils constituent un
investissement pour la société, pour les générations futures) dans une enveloppe
fermée, c’est-à-dire non directement financée par l’impôt, cet isolement permet de
mener des politiques néo-libérales d’allègement de la fiscalité des entreprises
essentiellement – sans réaction directe de l’opinion publique puisqu’il n’y a pas de
lien direct entre enseignement et culture d’une part et politique fiscale de l’autre.
1- Mais aussi et surtout – parce que la C.F. n’a guère d’autre projet que sa propre survie – son incapacité à réformer en profondeur (je souligne en profondeur car des efforts ont été faits lors de la législature précédente) un système éducatif structuré en paliers de relégation (effet toboggan) qui laisse sans certification, dans le qualifiant par exemple, 30 % de la population scolaire.
Car pour nous, régionaliser n’est pas un projet en soi.
Régionaliser c’est avant tout pour réaliser notre projet éducatif, qui est bien entendu un projet de société, qui répond aux critères d’unicité et de cohérence.
Nous voulons une école non pas équitable au sens où certains l’entendent, mais une école égalitaire qui joue pour tous les gosses le rôle d’ascenseur social.
Aujourd’hui que le fait régional s’impose et que le débat institutionnel en ce compris ce qui concerne l’enseignement ne peut plus être centré sur une position défensive, établie en fonction de la Belgique actuelle et des stratégies flamandes, il n’est plus question de nous
« racrapoter » sur les structures existantes par défaut. Il nous faut un projet politique, un vrai projet politique wallon.
Comment construire ce projet économique, social mais qui ne saurait se développer sans dimension culturelle au sens large, si la Wallonie n’a pas la maîtrise des compétences d’enseignement et de culture.
Réunir les compétences relevant du non-marchand et celles du marchand pour qu’un enseignement démocratique soit en prise directe avec les réalités économiques (sans allégeance), culturelles et sociales d’une région garantit en retour un dynamisme
indispensable à son développement.
Tous les facteurs (éducatif, social, économique &hellip sont indissociables et interdépendants. Et Bruxelles dans tout cela ?
Est-il question, comme certains nous en font le procès, de mettre les petits Bruxellois à la rue ? Citons, à l’appui de notre aspiration à la régionalisation de l’enseignement, la réalité de terrain, les besoins spécifiques aux régions bruxelloise et wallonne.
Les constats diffèrent, les besoins aussi (notamment en ce qui concerne la maîtrise de la langue de l’enseignement, l’apprentissage des langues étrangères, l’accueil des primo-arrivants, l’enseignement qualifiant, &hellip.
Nous avons plus besoin d’une véritable coopération facilitée (les accords sont très longs à négocier) que d’une unicité qui pénalise les deux entités.
2 C’est possible si parallèlement la région bruxelloise est renforcée.
Notre souci est de maintenir des solidarités entre les deux régions. Il sera pour cela nécessaire de maintenir ou de créer une structure bi-régionale assurant l’unicité des titres et des barèmes par exemple et la mobilité des étudiants et des enseignants entre les Régions.
Nous avons donc élaboré une démarche par étapes, démarche empreinte de pragmatisme guidée par les deux fils conducteurs que je viens de citer, c’est-à-dire le maintien des solidarités et la structure bi-régionale.
Et dans l’immédiat, en fonction de notre analyse et en fonction de nos perspectives, nous prendrons part aux débats concernant le transfert du réseau C.F. vers un autre P.O., sur le projet de réforme du paysage institutionnel de l’enseignement supérieur et plus
particulièrement sur la création de pôles, sans faire écho aux velléités sous régionalistes mais en veillant à ne laisser personne et pas les carolos de côté.
Par ailleurs, nous réclamons la mise en place au niveau de la Région wallonne d’une coupole coordonnant les bassins scolaires wallons.
Voici des éléments qui méritent assurément développement et dont je discuterai avec vous avec plaisir.
Je vous remercie pour votre écoute.
Christiane CORNET
Secrétaire générale de la CGSP-Enseignement
8.12.10

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