Discours de Christiane CORNET (Secrétaire générale
de la CGSP-Enseignement) lors de l'Assemblée du 22/11/2010 à Charleroi du
Mouvement du Manifeste wallon
Régionalisation de
l’enseignement. Cette revendication, l’aile wallonne de la
C.G.S.P.-
Enseignement (rejointe un peu plus tard par la F.G.T.B. wallonne) la porte depuis 1995 envers et contre la plupart des responsables politiques et contre l’aile bruxelloise de l’organisation, même si nous constatons qu’aujourd’hui leur position est moins visiblement tranchée.
Qu’est-ce qui nous
motivait à l’époque et nous motive encore aujourd’hui ?
D’abord, je citerai
l’incapacité de la C.F. d’être un pouvoir public fort doté de
réelles
capacités financières. Les constats d’échec en cette matière sont légion. Depuis sa création, la C.F. est confrontée à une impécuniosité permanente. Et on ne peut que saluer la prudence actuelle en matière de révision de la Loi Spéciale de Financement puisqu’il s’agit de transférer des compétences et les moyens budgétaires pour les assumer. L’enseignement l’a payé très cher.
Brièvement, les
conséquences les plus importantes aujourd’hui sont de 5 ordres
:
-
De multiples sacrifices
(emplois – conditions de travail – dévalorisation du métier
dont aujourd’hui nous payons cash la facture) ; La C.F., pouvoir public, est incapable de placer ses travailleurs dans des conditions telles qu’ils puissent accomplir pleinement leurs missions.
-
Des choix défavorables à
la notion même de Service Public.
L’enveloppe fermée pousse vers la privatisation (PPP) vers une autonomie accrue ...
-
Des appels incessants aux
régions et presqu’exclusivement à la région wallonne, ce
qui rend les relations entre C.F. et R.W. principalement financières, avec des effets visuellement timides et peu transparents.
-
L’isolement de certains
facteurs (en l’occurrence ici l’éducatif et le culturel), ceux qui
en théorie ne sont pas rentables mais coûtent (alors qu’ils constituent un investissement pour la société, pour les générations futures) dans une enveloppe fermée, c’est-à-dire non directement financée par l’impôt, cet isolement permet de mener des politiques néo-libérales d’allègement de la fiscalité des entreprises essentiellement – sans réaction directe de l’opinion publique puisqu’il n’y a pas de lien direct entre enseignement et culture d’une part et politique fiscale de l’autre.
1- Mais aussi et surtout
– parce que la C.F. n’a guère d’autre projet que sa propre survie – son
incapacité à réformer en profondeur (je souligne en profondeur car des
efforts ont été faits lors de la législature précédente) un système éducatif
structuré en paliers de relégation (effet toboggan) qui laisse sans
certification, dans le qualifiant par exemple, 30 % de la population
scolaire.
Car pour nous,
régionaliser n’est pas un projet en soi.
Régionaliser c’est avant
tout pour réaliser notre projet éducatif, qui est bien entendu un projet de
société, qui répond aux critères d’unicité et de cohérence.
Nous voulons une école
non pas équitable au sens où certains l’entendent, mais une école égalitaire qui
joue pour tous les gosses le rôle d’ascenseur social.
Aujourd’hui que le fait
régional s’impose et que le débat institutionnel en ce compris ce qui concerne
l’enseignement ne peut plus être centré sur une position défensive, établie
en fonction de la Belgique actuelle et des stratégies flamandes, il n’est plus
question de nous
« racrapoter » sur les structures existantes par défaut. Il nous faut un projet politique, un vrai projet politique wallon.
Comment construire ce
projet économique, social mais qui ne saurait se développer sans dimension
culturelle au sens large, si la Wallonie n’a pas la maîtrise des
compétences d’enseignement et de culture.
Réunir les compétences
relevant du non-marchand et celles du marchand pour qu’un enseignement
démocratique soit en prise directe avec les réalités économiques
(sans allégeance), culturelles et sociales d’une région garantit en retour un
dynamisme
indispensable à son développement.
Tous les facteurs
(éducatif, social, économique &hellip sont indissociables et
interdépendants. Et Bruxelles dans tout cela ?
Est-il question, comme
certains nous en font le procès, de mettre les petits Bruxellois à la rue
? Citons, à l’appui de notre aspiration à la régionalisation de l’enseignement,
la réalité de terrain, les besoins spécifiques aux régions bruxelloise et
wallonne.
Les constats diffèrent,
les besoins aussi (notamment en ce qui concerne la maîtrise de la langue de
l’enseignement, l’apprentissage des langues étrangères, l’accueil des
primo-arrivants, l’enseignement qualifiant, &hellip.
Nous avons plus besoin
d’une véritable coopération facilitée (les accords sont très longs à négocier)
que d’une unicité qui pénalise les deux entités.
2 C’est possible si
parallèlement la région bruxelloise est renforcée.
Notre souci est de
maintenir des solidarités entre les deux régions. Il sera pour cela nécessaire
de maintenir ou de créer une structure bi-régionale assurant l’unicité des
titres et des barèmes par exemple et la mobilité des étudiants et des
enseignants entre les Régions.
Nous avons donc élaboré
une démarche par étapes, démarche empreinte de pragmatisme guidée par les deux
fils conducteurs que je viens de citer, c’est-à-dire le maintien des solidarités
et la structure bi-régionale.
Et dans l’immédiat, en
fonction de notre analyse et en fonction de nos perspectives, nous prendrons
part aux débats concernant le transfert du réseau C.F. vers un autre P.O., sur
le projet de réforme du paysage institutionnel de l’enseignement supérieur et
plus
particulièrement sur la création de pôles, sans faire écho aux velléités sous régionalistes mais en veillant à ne laisser personne et pas les carolos de côté.
Par ailleurs, nous
réclamons la mise en place au niveau de la Région wallonne d’une
coupole coordonnant les bassins scolaires wallons.
Voici des éléments qui
méritent assurément développement et dont je discuterai avec vous avec
plaisir.
Je vous remercie pour
votre écoute.
Christiane
CORNET
Secrétaire générale de la CGSP-Enseignement | |
|
DEBAT INSTITUTIONNEL EN WALLONIE ET A BRUXELLES +++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
mercredi 19 décembre 2012
REGIONALISER L'ENSEIGNEMENT : POURQUOI ? ET COMMENT ?
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire