mardi 18 décembre 2012

"UN GRAND PROJET ET DES PETITES MEDAILLES"


 Article signé P.P. dans « La Libre Belgique » du jeudi 11 mars 2010

Curieux débat sur l’identité/l’image/etc., hier au Parlement wallon. Rudy Demotte va soumettre une note à ses collègues ministres.

Dans l’opposition MR, on a d’abord pensé laisser ses chaises vides. Et puis - allez savoir pourquoi - les bleus ont joué le jeu du débat passablement insaisissable souhaité par le ministre-Président Rudy Demotte (PS) sur l’identité wallonne (nos précédentes éditions). Pour rentrer dedans. Animé comme rarement, mercredi après-midi au Saint-Gilles, Richard Miller y est allé de sentences du genre : "Je ne dis pas que le débat est stupide ou tombe à un mauvais moment. Cette problématique est importante. Mais je reproche au PS, la formation la plus importante de Wallonie, d’avoir raté tout ce que la régionalisation pouvait permettre. L’échec identitaire est provoqué avant tout par l’échec économique et social d’une Région wallonne que vous avez gérée tellement mal. Avec vous, les Wallons sont fondamentalement cocus".

Bon, s’en tiendra-t-on à un échange majorité/opposition coloré mais convenu ? C’est plus subtil, ou impalpable.

Le clivage emprunte aussi les acceptions multiples de la terminologie identitaire. Ainsi, dans sa première intervention, Dimitri Fourny (CDH) se montre fort critique, disant la "surprise" de son groupe, s’interrogeant sur "l’intérêt" de ces thèmes ou la "pertinence de ce qui pourrait passer pour de la musculation politicienne". Avant de convenir dans sa réplique que, "au fond, nous partageons les mêmes préoccupations : pragmatisme, développement économique, le quotidien des gens"

En filigranes, on revisite encore, mais oui, les vieux antagonismes entre "communautaristes" et "régionalistes". Ce n’est pas un hasard si c’est Marcel Cheron qui intervient pour Ecolo : "La Communauté Wallonie-Bruxelles n’est pas une addition simple de deux Régions. C’est une plus-value. Mais elle aussi doit mener un travail d’introspection". Et Christophe Collignon, pour le PS : si les projets wallons manquent d’"adhésion populaire", dit-il, c’est notamment parce que la Région "n’a pas la maîtrise de la culture et de l’enseignement".

Sans impatience apparente, Rudy Demotte écarte les reproches : ni crainte de dérive nationaliste, ni "assimilation fâcheuse" avec le débat français, ni agression contre l’Etat belge ou la Communauté française. Mais voilà, "il s’agit d’œuvrer à une prise de conscience". Sinon, "on ne peut pas porter de projet collectif". Et là, "ce n’est pas le moment de ne pas avoir la discussion".

Concrètement ? Consacrer au moins pratiquement le nom "Wallonie"; "remettre en ordre" les logos et autres visuels; clarifier le décret Namur-capitale; susciter un exercice citoyen sur une devise ("je n’épiloguerai pas") Et puis, il amorce des trouvailles concoctées côté Parlement : création d’une médaille de l’assemblée, ouverture d’une galerie de portraits de ses anciens présidents Car "on n’adhère pas à une abstraction".

D’aucuns auront-ils ressenti que le débat dégringolait de six étages ? Toujours sans désemparer, Rudy Demotte annonce qu’il devrait débattre du sujet dès ce jeudi au gouvernement.


18.10.10

 
 
 

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