Mesdames,
Messieurs,Chers amis et camarades, bonsoir.Comme le dit l’adage, à
quelque chose malheur est bonQu’on le veuille ou non, le
débat sur l’autonomie et l’identité wallonne, ou du moins toute son acuité
actuelle vient en réaction au nationalisme et aux désirs séparatistes
flamands.Ce contexte malheureux a au moins le mérite de nous obliger à
nous questionner sur notre avenir collectif et nous ne pouvons que nous réjouir
de l’organisation d’un débat comme celui de ce
soir.Cela étant, Il n’en est pas moins vrai que sans cette flambée
séparatiste, la Belgique fédérale, sans doute relookée, adaptée profitablement
aux réalités des uns et des autres, continuerait d’assurer un bien-être général
qui sans être parfait reste enviable pour les peuples d’une très grande majorité
des pays du monde.Dans ce sens, je tiens à
rappeler qu’en 2007, notre organisation critiquait la stratégie de la classe
politique francophone qui consistait à refuser toute réforme de l’état. L’avenir
nous a donné raison puisque c’est bien cette stratégie du refus qui a radicalisé
l’opinion politique flamande et a fait de la NVA le premier parti de
Flandre.Mais bon, nous n’en sommes plus là, et que la mission de Vande
Lanotte soit fructueuse ou non, la Belgique institutionnelle va changer en
profondeur. En 2007 déjà, le front
commun syndical CSC-FGTB prenait une position claire sur le caractère fédéral de
la sécurité sociale et de la solidarité interpersonnelle. Nous nous opposions
aussi à toute réforme fiscale qui permettrait une concurrence déloyale entre les
régions tout en privant le niveau fédéral des moyens nécessaires à son
fonctionnement. Le front commun rappelait aussi son attachement à un état
fédéral reposant sur trois régions à part entière, Bruxelles devant aussi être
financé correctement.Cette position n’a pas
changé. Nous voulons ici réaffirmer la position du front commun syndical car
nous savons que derrière les tentatives d’affaiblir la sécurité sociale en la
régionalisant, ou pire en la communautarisant, se profile la volonté de certains
d’en privatiser certaines branches et d’en réduire d’autres à peau de chagrin.
Dans ce sens, même si ce n’est pas vraiment l’objet du débat de
ce soir, je voudrais évoquer tout de même une réalité flamande qui nous
préoccupe tout autant que la montée du nationalisme et du séparatisme : 60 % des
élus flamands au parlement fédéral représentent des partis qui veulent
privatiser tout ce qui rapporte en sécurité sociale, qui veulent limiter
l’assurance chômage dans ses montants et dans sa durée, qui veulent limiter le
droit de grève, qui veulent détricoter la concertation sociale et affaiblir le
rôle des syndicats et des mutuelles.Alors plus que des questions
identitaires, la question centrale est pour nous, comme belges et comme
wallons : « quel système économique et social voulons-nous dans une Belgique
reposant sur et dans des régions de plus en plus autonomes? »
J’espère en tout cas, si la Flandre politique voulait nous
imposer le démantèlement de nos acquis sociaux, que la classe politique
francophone sera au moins aussi radicale pour protéger les citoyens-travailleurs
qu’elle ne l’a été pour protéger les droits linguistiques des francophones de
Hal et de Vilvorde. Un passé récent nous donne à
craindre sur ce sujet. Je pense ici au calamiteux pacte des générations sur
lequel les consensus nord-sud ont été très facilement et très rapidement
trouvés, au grand dam des travailleuses et des travailleurs de toutes les
régions du pays. Mais revenons à nos
moutons. Nous disons clairement que pour nous, une réforme institutionnelle qui
transfèrerait plus de pouvoirs, de compétences et de moyens aux régions n’est
pas un but en soi. Ce qui nous intéresse au premier chef, c’est de voir en quoi
ces transferts vont rendre plus efficientes les politiques socio-économiques et
surtout comment elles peuvent améliorer la vie des
citoyens.Bref, comme je l’ai déjà évoqué plus haut, ce qui est prioritaire
pour nous à l’avenir, c’est la définition d’un projet de société progressiste et
solidaire, qui remet citoyens et citoyennes au centre de toutes les
politiques.Je conclurai en disant que notre volonté de garder un cadre
fédéral important n’est pas du tout opposé à l’affirmation de notre identité
wallonne. Au contraire, nous voulons participer à la construction d’une Wallonie
enracinée dans son passé mais résolument tournée vers l’avenir et ouverte sur le
monde, à fortiori sur les autres régions et communautés du pays et de façon plus
évidente encore coopérant en permanence avec la région bruxelloise composée
très majoritairement de francophones.Cette Wallonie doit être
décomplexée, consciente de ses possibilités, d’où serait exclu tout repli sur
soi et où seraient valorisées toutes les richesses interculturelles de ses
populations quelles que soient leurs origines.Et c’est bien là tout le
contraire d’un nationalisme nostalgique, revanchard ou égoïste.
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DEBAT INSTITUTIONNEL EN WALLONIE ET A BRUXELLES +++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
mercredi 19 décembre 2012
INTERVENTION DE TONY DEMONTE (CNE/CSC) LE 22 NOVEMBRE 2010
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