mercredi 19 décembre 2012

INTERVENTION DE TONY DEMONTE (CNE/CSC) LE 22 NOVEMBRE 2010

Mesdames, Messieurs,Chers amis et camarades, bonsoir.Comme le dit l’adage, à quelque chose malheur est bonQu’on le veuille ou non, le débat sur l’autonomie et l’identité wallonne, ou du moins toute son acuité actuelle vient en réaction au nationalisme et aux désirs séparatistes flamands.Ce contexte malheureux a au moins le mérite de nous obliger à nous questionner sur notre avenir collectif et nous ne pouvons que nous réjouir de l’organisation d’un débat comme celui de ce soir.Cela étant, Il n’en est pas moins vrai que sans cette flambée séparatiste, la Belgique fédérale, sans doute relookée, adaptée profitablement aux réalités des uns et des autres, continuerait d’assurer un bien-être général qui sans être parfait reste enviable pour les peuples d’une très grande majorité des pays du monde.Dans ce sens, je tiens à rappeler qu’en 2007, notre organisation critiquait la stratégie de la classe politique francophone qui consistait à refuser toute réforme de l’état. L’avenir nous a donné raison puisque c’est bien cette stratégie du refus qui a radicalisé l’opinion politique flamande et a fait de la NVA le premier parti de Flandre.Mais bon, nous n’en sommes plus là, et que la mission de Vande Lanotte soit fructueuse ou non, la Belgique institutionnelle va changer en profondeur. En 2007 déjà, le front commun syndical CSC-FGTB prenait une position claire sur le caractère fédéral de la sécurité sociale et de la solidarité interpersonnelle. Nous nous opposions aussi à toute réforme fiscale qui permettrait une concurrence déloyale entre les régions tout en privant le niveau fédéral des moyens nécessaires à son fonctionnement. Le front commun rappelait aussi son attachement à un état fédéral reposant sur trois régions à part entière, Bruxelles devant aussi être financé correctement.Cette position n’a pas changé. Nous voulons ici réaffirmer la position du front commun syndical car nous savons que derrière les tentatives d’affaiblir la sécurité sociale en la régionalisant, ou pire en la communautarisant, se profile la volonté de certains d’en privatiser certaines branches et d’en réduire d’autres à peau de chagrin. Dans ce sens, même si ce n’est pas vraiment l’objet du débat de ce soir, je voudrais évoquer tout de même une réalité flamande qui nous préoccupe tout autant que la montée du nationalisme et du séparatisme : 60 % des élus flamands au parlement fédéral représentent des partis qui veulent privatiser tout ce qui rapporte en sécurité sociale, qui veulent limiter l’assurance chômage dans ses montants et dans sa durée, qui veulent limiter le droit de grève, qui veulent détricoter la concertation sociale et affaiblir le rôle des syndicats et des mutuelles.Alors plus que des questions identitaires, la question centrale est pour nous, comme belges et comme wallons : « quel système économique et social voulons-nous dans une Belgique reposant sur et dans des régions de plus en plus autonomes? » J’espère en tout cas, si la Flandre politique voulait nous imposer le démantèlement de nos acquis sociaux, que la classe politique francophone sera au moins aussi radicale pour protéger les citoyens-travailleurs qu’elle ne l’a été pour protéger les droits linguistiques des francophones de Hal et de Vilvorde. Un passé récent nous donne à craindre sur ce sujet. Je pense ici au calamiteux pacte des générations sur lequel les consensus nord-sud ont été très facilement et très rapidement trouvés, au grand dam des travailleuses et des travailleurs de toutes les régions du pays. Mais revenons à nos moutons. Nous disons clairement que pour nous, une réforme institutionnelle qui transfèrerait plus de pouvoirs, de compétences et de moyens aux régions n’est pas un but en soi. Ce qui nous intéresse au premier chef, c’est de voir en quoi ces transferts vont rendre plus efficientes les politiques socio-économiques et surtout comment elles peuvent améliorer la vie des citoyens.Bref, comme je l’ai déjà évoqué plus haut, ce qui est prioritaire pour nous à l’avenir, c’est la définition d’un projet de société progressiste et solidaire, qui remet citoyens et citoyennes au centre de toutes les politiques.Je conclurai en disant que notre volonté de garder un cadre fédéral important n’est pas du tout opposé à l’affirmation de notre identité wallonne. Au contraire, nous voulons participer à la construction d’une Wallonie enracinée dans son passé mais résolument tournée vers l’avenir et ouverte sur le monde, à fortiori sur les autres régions et communautés du pays et de façon plus évidente encore coopérant en permanence avec la région bruxelloise composée très majoritairement de francophones.Cette Wallonie doit être décomplexée, consciente de ses possibilités, d’où serait exclu tout repli sur soi et où seraient valorisées toutes les richesses interculturelles de ses populations quelles que soient leurs origines.Et c’est bien là tout le contraire d’un nationalisme nostalgique, revanchard ou égoïste.
14.12.10

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