mercredi 19 décembre 2012

INTERVENTION DU DEPUTE CHRISTOPHE COLLIGNON CE 22/11/10


Mesdames,
Messieurs en votre titre et qualité,
Bon nombre d’orateurs étant appelés, à s’exprimer, je limiterai mon intervention articulée sur 3 points :□ la nécessité de tirer l’enseignement du passé□ un projet porté par les Wallons pour les Wallons□ la nécessité de mieux organiser maintenant les institutions francophones

A) La nécessité de tirer les leçons du passéIl y a encore pas si longtemps (je parle pour ce qui me concerne de mon entrée au Parlement wallon), le concept de régionalisme était considéré par beaucoup comme un concept synonyme de repli sur soi, pour ne pas dire un concept ringard agité par quelques nostalgiques….Alors que la Flandre avait tracé sa voie à travers les résolutions de son parlement, il ne faisait pas bon dans les travées du Parlement wallon évoquer un quelconque transfert de compétence (anecdote)Il fallait surtout n’être demandeur de rien sous peine de réveiller l’appétit de la Flandre.On sait aujourd’hui ce qu’il est advenu de cette tactique « inspirée » : elle a renforcé le nationalisme en Flandre au point de le rendre incontournable, elle a tétanisé les partis traditionnels en Flandre, principalement le CDV, qui ne rêve probablement plus que ressouder son Cartel avec le nouveau héros de Flandre en vue des prochaines échéances municipales….Tirer l’enseignement du passé, c’est aborder la suite de cette négociation, le plus lucidement possible c'est-à-dire en acceptant la réalité, en étant pas aveuglé par la nostalgie d’un pays dont tout indique qu’il est à l’agonie…..

Est-il si difficile de reconnaître que les deux grandes communautés de ce pays se sont tellement écartées je pense ici au plan culturel, politique, vision socio-économique, que ce qui les unit encore fondamentalement c’est le label économique d’une capitale.Tirer l’enseignement du passé, c’est comme l’écrit ce jour avec justesse l’éditorialiste d’un grand journal populaire Wallon, « c’est oser prendre ses responsabilités ».B) Un projet porté par les Wallons pour les Wallons.S’il est un élément sur lequel les multiples crises que nous connaissons depuis les élections de 2007 ont servi de détonateur c’est, je le crois sincèrement, l’émergence dans la majorité des états major de parti francophone de la primauté de la thèse régionale…En effet, un fédéralisme articulé sur le fait régional permettrait de passer d’un fédéralisme d’opposition à un fédéralisme de coopération mais pour cela la Flandre devrait admettre que Bruxelles ne peut rester sa capitale, Bruxelles n’est ni flamand, ni Wallon, il existe une vrai identité Bruxelloise avec des défis à résoudre propre aux Bruxellois.C’est pour cela qu’aujourd’hui, quoiqu’il en soit de l’issue des négociations fédérales (et je suis persuadé que les Wallons feront tout pour arriver à un accord équilibré, il faut qu’à partir de la Wallonie, du Parlement ou d’ailleurs, que les Wallons se reconnaissent dans un projet construit non par opposition aux autres régions mais pour eux-mêmes…On me rétorquera que ce projet existe, qu’il s’appelle le Plan Marshall…C’est vrai, ce plan mobilisateur économique existe et il commence à porter ses fruits.De nombreuses études internationales citent la Wallonie en exemple en terme d’attractivité, des entreprises de renom international s’installe en Wallonie, nos exportations augmentent, le chômage baisse lentement mais il baisse et probablement que ces indices seraient plus perceptible si la crise bancaire que l’on a connu n’était pas arrivé.Tout cela est vrai et j’en profite d’ailleurs ici pour souligner le travail du Gouvernement wallon et spécifiquement de son Ministre-Président ainsi que son pilote Jean-Claude Marcourt.Mais pour que la Wallonie se redresse et soit prête à éventuellement faire face à son destin, il faut d’autres articulations :

- il faut qu’émerge une conscience wallonne, l’adhésion de notre population à son projet, le débat sur l’identité wallonne a ici évidemment tout sa place, non dans une thèse romantique mais pour servir un projet d’économie.- il faut que les Wallons revendiquent à la fois au niveau de l’institution fédérale et à la fois au niveau de l’institution communautaire les instruments économiques nécessaire à l’émergence de ce projet.A quoi sert-il de développer un outil d’aide aux entreprises défini à Namur la Sowalfin, si un outil fédéral le fonds de participation lui fait concurrence ?Le régionalisme est né et, vous le savez mieux que moi, parce que les Wallons ont préféré maîtriser leur économie par nécessité, parce qu’il se sentait mal à l’aise dans un état au service de la Flandre.Ce combat est-il achevé ? Je prétends que non.Pourquoi la politique d’investissement des infrastructures ferroviaires bénéficie-t-elle toujours à la Flandre ?Pourquoi sommes nous si mal représenté dans nos représentations diplomatiques ?Pourquoi doit-on dénoncer la flamandisation de l’armée ?Pourquoi lorsqu’un groupe de rock planétaire U2, se déplace en Belgique, seule des trains sont affrétés à partir de la Flandre ?Enfin, il faut parallèlement remettre sur le chantier le débat des Institutions intra-francophones.J’entends déjà certaines voix s’élever, signalant que c’est un débat important que ce n’est sans doute pas le moment, que se serait une rupture de solidarité.Je prétends au contraire que pour réussir nos projets économiques, qu’ils soient Wallons ou Bruxellois, il nous faut disposer, à tout le moins, de la maîtrise de notre enseignement, que la solidarité peut s’en trouver renforcée à travers le concept de fédération Wallonie-Bruxelles, chère à Rudy Demotte.Enfin, Mesdames, Messieurs, je ne puis que terminer cette allocution, qu’en répétant ma conviction de l’émergence d’un mouvement wallon, transcendants les partis et les forces vives de cette région.


Charleroi, le 22 novembre 2010

Christophe COLLIGNON
Député wallon
16.12.10

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