mercredi 19 décembre 2012

LA FEDERATION WALLONIE BRUXELLES : PIEGE OU TREMPLIN ?


La récente annonce faite par les présidents de partis francophones de lancer la désignation nouvelle de la Communauté française au travers du vocable « Fédération Wallonie-Bruxelles » a pu produire chez certains une sorte de détente de l’atmosphère et d’effet d’éclaircie. En effet, à rebours du climat général, elle insistait à la fois sur la volonté d’alliance et sur la personnalité concrète de deux régions aisément repérables dans leur réalité territoriale et clairement identifiables dans leur « épaisseur » socio-historique.
Nous régionalistes rassemblés au sein du Mouvement du Manifeste Wallon entendons cependant évaluer en profondeur la portée de cette initiative prise par les partis représentés au Parlement de la Communauté française, dans la perspective d’un véritable essor durable de nos deux Régions.
Pour ce qui est de la démarche, nous constatons d’abord son caractère particratique et autoritaire car elle n’émane d’aucune délibération démocratique préalable quelque peu approfondie au plan parlementaire. De plus, nous ne pouvons que relever son caractère velléitaire et symbolique, puisque l’intronisation officieuse de cette appellation ne modifie en rien la subsistance de la réalité constitutionnelle de la Communauté Française. En outre, cette démarche est plus développée dans la direction ciblée des acteurs dirigeants flamands qu’en direction des opinions wallonne et bruxelloise, le but immédiat étant en réalité de tenter d’intimider l’interlocuteur flamand en faisant apparaître l’éventualité d’une alliance de deux régions différentes s’alliant face à la seule communauté/région du Nord du pays ! Ce côté tactique de la démarche prend donc à cet égard une allure regrettable de jeu politicien.
Cependant cette démarche volontairement sibylline et péremptoire nous oblige à nous interroger sur la nature des orientations politiques sous-jacentes à ce choix fait par les présidents et par les appareils de partis. Voici à tout le moins trois remarques importantes à nos yeux :
1. Tout d’abord, il est impossible de discerner clairement si l’affirmation de cette nouvelle « fédération » doit s’appréhender dans le cadre d’une Belgique maintenue comme Etat souverain, ou plutôt dans le contexte d’une possible « évaporation » ou disparition de cet Etat Belgique (« Plan B » ). Il s’agit donc là d’une première équivoque qui demande à être levée au plus tôt.
2. Dans la nouvelle appellation, la citation des deux « régions » censées se constituer en « fédération » n’a fait l’objet d’aucune précision juridique. Ceci pose un autre problème d’équivoque considérable car ladite région citée de « Bruxelles » paraît bien ne renvoyer en réalité qu’à la composante francophone de la Région de Bruxelles-Capitale, et non à l’entièreté de celle-ci ! Il apparaît donc que la formulation bi-régionale choisie pour désigner ladite nouvelle fédération pourrait bien n’être qu’un vrai « miroir aux alouettes » du fait que les appellations « régionales » utilisées s’inscriraient en réalité bien plus dans un schéma communautariste d’une Belgique recomposée ou redéployée plutôt que dans un schéma authentiquement multi-régional de cette Belgique. Autrement dit, contrairement aux apparences, ladite « fédération » ne ferait en fait qu’annoncer l’avènement prochain d’une Néo-Macro-Communauté !...
3. La démarche politique à la fois impromptue et sibylline que nous décryptons, doit être également suspectée car elle n’évoque aucunement la répartition des domaines de compétences au sein de cette fédération nouvellement proclamée, ce point revêt bien évidemment aussi un aspect capital. Cette réorganisation pourrait en effet impliquer de la sorte, soit simplement un statuquo des actuelles compétences des pouvoirs régionaux, - allant donc en cela complètement à rebours de l’accroissement que nos mouvements régionalistes réclament à cor et à cris depuis plusieurs décennies ! - , soit même une éventuelle réduction du paquet actuel intégral de domaines de compétences actuellement détenues par les instances politiques de la Wallonie et de la Région de Bruxelles-Capitale.
EN CONCLUSION

Nous considérons ce resurgissement politiquement orchestré et étrangement inexpliqué du concept de Fédération entre Wallonie (avec ou sans les germanophones ?) et Bruxelles, comme une erreur politique. Dans ce contexte, nous considérons donc qu’il est de notre devoir de réaffirmer avec la plus grande force et en toute clarté que :
1. la sortie effective de la crise politico-institutionnelle actuelle passera nécessairement par un accroissement majeur des compétences des Régions, ce qui implique notamment une reconnaissance de la région de Bruxelles-Capitale comme région à part entière avec toutes ses composantes communautaires et culturelles, y compris celles de sa composante flamande.
2. la mise en place de liens de solidarité effective entre la Wallonie et la région de Bruxelles-Capitale doit non pas précéder le processus de reconnaissance du statut de pleine autonomie de chacune de ces régions, mais au contraire être réalisée consécutivement à la dynamique préalable de renforcement des pouvoirs régionaux. Précisons aussi que pour être effectif et efficace le renforcement de l’autonomie régionale postule le transfert à chacune des Régions de l’exercice des compétences jusqu’ici dévolues à la Communauté française.
Et c’est donc postérieurement à l’aboutissement de ce processus de renforcement des pouvoirs régionaux et de refondation de l’Etat sur cette base qu’il y aura lieu de déterminer le type optimal de liens garantissant la mise en œuvre d’une réelle solidarité entre régions.
Pour le Mouvement du Manifeste Wallon :
Michel GIGOT, Jean-Pierre LAHAYE, Janine LARUELLE, Jean LOUVET, Yves WEZEL
2.7.11

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