La récente annonce faite par les
présidents de partis francophones de lancer la désignation nouvelle de la
Communauté française au travers du vocable « Fédération Wallonie-Bruxelles » a
pu produire chez certains une sorte de détente de l’atmosphère et d’effet
d’éclaircie. En effet, à rebours du climat général, elle insistait à la fois
sur la volonté d’alliance et sur la personnalité concrète de deux régions
aisément repérables dans leur réalité territoriale et clairement identifiables
dans leur « épaisseur » socio-historique.
Nous régionalistes rassemblés au sein du Mouvement du Manifeste Wallon
entendons cependant évaluer en profondeur la portée de cette initiative prise
par les partis représentés au Parlement de la Communauté française, dans la
perspective d’un véritable essor durable de nos deux
Régions.
Pour ce qui est de la démarche, nous constatons d’abord son caractère
particratique et autoritaire car elle n’émane d’aucune délibération démocratique
préalable quelque peu approfondie au plan parlementaire. De plus, nous ne
pouvons que relever son caractère velléitaire et symbolique, puisque
l’intronisation officieuse de cette appellation ne modifie en rien la
subsistance de la réalité constitutionnelle de la Communauté Française. En
outre, cette démarche est plus développée dans la direction ciblée des acteurs
dirigeants flamands qu’en direction des opinions wallonne et bruxelloise, le but
immédiat étant en réalité de tenter d’intimider l’interlocuteur flamand en
faisant apparaître l’éventualité d’une alliance de deux régions différentes
s’alliant face à la seule communauté/région du Nord du pays ! Ce côté tactique
de la démarche prend donc à cet égard une allure regrettable de jeu
politicien.
Cependant cette démarche volontairement sibylline et péremptoire nous
oblige à nous interroger sur la nature des orientations politiques sous-jacentes
à ce choix fait par les présidents et par les appareils de partis. Voici à tout
le moins trois remarques importantes à nos yeux :
1.
Tout d’abord, il est impossible de discerner clairement si l’affirmation de
cette nouvelle « fédération » doit s’appréhender dans le cadre d’une Belgique
maintenue comme Etat souverain, ou plutôt dans le contexte d’une possible
« évaporation » ou disparition de cet Etat Belgique (« Plan B » ). Il s’agit
donc là d’une première équivoque qui demande à être levée au plus
tôt.
2. Dans la nouvelle appellation, la citation des deux « régions »
censées se constituer en « fédération » n’a fait l’objet d’aucune précision
juridique. Ceci pose un autre problème d’équivoque considérable car ladite
région citée de « Bruxelles » paraît bien ne renvoyer en réalité qu’à la
composante francophone de la Région de Bruxelles-Capitale, et non à
l’entièreté de celle-ci ! Il apparaît donc que la formulation bi-régionale
choisie pour désigner ladite nouvelle fédération pourrait bien n’être qu’un vrai
« miroir aux alouettes » du fait que les appellations « régionales » utilisées
s’inscriraient en réalité bien plus dans un schéma communautariste d’une
Belgique recomposée ou redéployée plutôt que dans un schéma authentiquement
multi-régional de cette Belgique. Autrement dit, contrairement aux
apparences, ladite « fédération » ne ferait en fait qu’annoncer l’avènement
prochain d’une Néo-Macro-Communauté !...
3. La démarche politique à la fois impromptue et sibylline que nous
décryptons, doit être également suspectée car elle n’évoque aucunement la
répartition des domaines de compétences au sein de cette fédération
nouvellement proclamée, ce point revêt bien évidemment aussi un aspect capital.
Cette réorganisation pourrait en effet impliquer de la sorte, soit simplement
un statuquo des actuelles compétences des pouvoirs régionaux,
- allant donc en cela complètement à rebours de l’accroissement que nos
mouvements régionalistes réclament à cor et à cris depuis plusieurs décennies !
- , soit même une éventuelle réduction du paquet actuel intégral
de domaines de compétences actuellement détenues par les instances
politiques de la Wallonie et de la Région de
Bruxelles-Capitale.
EN
CONCLUSION
Nous considérons ce resurgissement politiquement orchestré et étrangement inexpliqué du concept de Fédération entre Wallonie (avec ou sans les germanophones ?) et Bruxelles, comme une erreur politique. Dans ce contexte, nous considérons donc qu’il est de notre devoir de réaffirmer avec la plus grande force et en toute clarté que :
1.
la sortie effective de la crise politico-institutionnelle actuelle passera
nécessairement par un accroissement majeur des compétences des Régions, ce qui
implique notamment une reconnaissance de la région de Bruxelles-Capitale comme
région à part entière avec toutes ses composantes communautaires et culturelles,
y compris celles de sa composante flamande.
2.
la mise en place de liens de solidarité effective entre la Wallonie et la région
de Bruxelles-Capitale doit non pas précéder le processus de reconnaissance du
statut de pleine autonomie de chacune de ces régions, mais au contraire être
réalisée consécutivement à la dynamique préalable de renforcement des pouvoirs
régionaux. Précisons aussi que pour être effectif et efficace le renforcement
de l’autonomie régionale postule le transfert à chacune des Régions de
l’exercice des compétences jusqu’ici dévolues à la Communauté
française.
Et c’est donc postérieurement à l’aboutissement de ce processus de renforcement des pouvoirs régionaux et de refondation de l’Etat sur cette base qu’il y aura lieu de déterminer le type optimal de liens garantissant la mise en œuvre d’une réelle solidarité entre régions.
Pour le Mouvement du Manifeste Wallon :
Michel GIGOT, Jean-Pierre LAHAYE, Janine
LARUELLE, Jean LOUVET, Yves
WEZEL
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DEBAT INSTITUTIONNEL EN WALLONIE ET A BRUXELLES +++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
mercredi 19 décembre 2012
LA FEDERATION WALLONIE BRUXELLES : PIEGE OU TREMPLIN ?
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