Résolutions de
l’Assemblée du 22 novembre 2010
Nous, citoyennes et
citoyens de Wallonie, issus du monde politique, économique, syndical, culturel
et associatif, militants du Mouvement wallon et acteurs de notre société dans sa
diversité, réunis ce 22 novembre2010 à Charleroi, à titre individuel ou comme
représentants de divers groupements, voulons faire entendre notre voix dans le
débat institutionnel actuel qui influencera directement l'avenir de notre
Région. A cette fin, nous avons adopté la présente Déclaration qui réaffirme les
principes fondamentaux sur lesquels nous voulons construire l'avenir de la
Wallonie :
§ 1er Partant des
constats que :
1) La posture politique
de n’être « demandeur de rien » a été néfaste aux intérêts des Wallonnes et des
Wallons. Elle a même nourri, en Flandre, une forte frustration qui s’est
traduite par l’émergence d’un puissant courant nationaliste : celui-ci accule
les négociateurs francophones à une grande réforme de l’Etat : ceux-ci n’y
adhèrent que forcés et contraints, par reculades successives et sans grande
préparation. Cela, c’est s’occuper de la Wallonie – et de Bruxelles – par
soustraction, par dépit, la peur au ventre, par défaut d’une vie commune devenue
bien difficile. Nous plaidons, au contraire, pour un sursaut de fierté, pour la
volonté d’assumer un choix : celui d’assumer notre destin, celui de rendre une
ambition pour notre Wallonie, pour notre Région, seul cadre de référence à la
fois comme élément d'identification et comme moteur d’une stratégie de
développement.
2) L'institution
communautaire francophone, basée sur une simple appartenance linguistique, est
porteuse d'enfermement et de repli identitaires. Incapable de répondre aux
aspirations des populations qui la composent, elle ne sera jamais à même de
déclencher une mobilisation citoyenne capable de générer un «vouloir vivre
ensemble ».
3) Rien n’émergera de la
nostalgie de la Belgique de grand papa, où, dans les faits et durant plus d’un
siècle, les décisions politiques nationales furent très souvent contraires aux
intérêts wallons. Aujourd’hui encore, bien des compétences restées fédérales,
sont gérées à l’encontre de nos intérêts : l’armée, le transport ferroviaire, la
politique fiscale en sont des exemples récemment exposés dans l’actualité. Le
risque d’appauvrissement ne tient-il pas surtout à un attentisme pénalisant, à
un report continuel d’initiatives audacieuses au service d’un plan global
ambitieux ? 4) La Wallonie s’est construite sur des valeurs de solidarité et se
conçoit autour d’un projet constructif de citoyenneté, davantage que sur un
sentiment d’appartenance national. 5) Les discussions sur une hypothétique
fédération Wallonie-Bruxelles, juridiquement inapplicable, constituent une
impasse politique. Ce scénario ne répond pas aux véritables questions que la
Wallonie doit affronter.
§ 2 Nous estimons que :
1) Il est temps de
laisser derrière nous un État belge où deux Communautés se font face, pour
mettre les institutions en phase avec la réalité de la population du pays, en
permettant l'épanouissement des Régions, chacune avec son identité propre, des
institutions cohérentes et la capacité de développer entre elles des
coopérations efficaces, car tissées entre des partenaires
égaux.
2) La demande des
dirigeants germanophones de se constituer en une quatrième Région-Communauté
doit être soutenue. Elle rejoint notre volonté de voir les Régions responsables
intégralement de leur politique culturelle.
§ 3 Nous considérons que:
1) La liste des
compétences fédérales devra être établie de manière limitative tout en
garantissant une fiscalité identique dans l'ensemble du pays et en renforçant la
solidarité interpersonnelle (la sécurité sociale) et l'unicité du droit au
travail, appréhendés, tous deux, dans un sens large, et ce pour l'ensemble des
travailleurs, indépendamment de leur lieu de travail ou de domicile. S’il
advenait, dans le cadre des négociations, que ces principes ne puissent être
respectés ou que le prix de leur maintien soit insoutenable (tant financièrement
qu’au plan des principes et de leur mise en œuvre concrète), il s’imposerait
d’élaborer rapidement une alternative quant à la récupération des moyens, à leur
affectation et au mode de contrôle des mécanismes à initier au plan des Régions.
2) La solidarité et la
complémentarité entre la Wallonie et les autres Régions se matérialisera et se
renforcera de manière réellement efficace par une collaboration large de Région
à Région, sans impliquer, par définition, le recours à des institutions
communes.
3) Le transfert complet à
la Wallonie de compétences déjà largement régionalisées (mobilité,
environnement, énergie, agriculture, santé, etc.) doit être considéré comme
constituant une évolution logique dans une optique de renforcement de la
cohérence et donc de l'efficacité des politiques régionales.
4) La tenue, à des
moments distincts, des élections fédérales et des élections régionales est l'un
des fondements du fédéralisme et doit donc demeurer en vigueur.
§ 4 Nous réclamons que:
1) Complémentairement au
transfert prochain de nombreuses compétences fédérales vers les entités
fédérées, soit mise en œuvre une réorganisation approfondie du paysage
institutionnel francophone en consacrant la maîtrise et la gestion par les
Régions, et donc par la Wallonie et par Bruxelles, des compétences culturelles
au sens large à savoir l'enseignement, la recherche, la politique culturelle et
sportive et les médias ; compétences essentielles pour relever les défis du
redéveloppement global et durable spécifique à chaque Région.
2) Tout transfert de
compétences s’accompagne des moyens financiers et humains requis, ils ne peuvent
conduire à l’appauvrissement direct ou indirect des citoyens d’une ou de
plusieurs Régions .
§ 5 Nous appelons :
1) Au lancement sans plus
attendre d’un débat sur un projet politique mobilisateur pour la Wallonie,
facteur indispensable à un développement cohérent intégrant les dimensions
économiques, sociales, environnementales, éducatives, sportives et
culturelles.
2) A ce que ce projet
soit d’ores et déjà débattu au sein de toutes les institutions, organes,
associations constituant la société civile wallonne dans toute sa complexité et
sa diversité et ce dans le respect de nos valeurs de liberté, de solidarité et
d’ouverture à l’Europe et au monde. Nous, citoyennes et citoyens de Wallonie,
issus des mondes politique, économique, social, culturel et associatif,
militants wallons et acteurs de notre société dans sa diversité, prenons
l'engagement, chacun à notre niveau de responsabilité, tant du point de vue
personnel que collectif, de faire le choix de la Wallonie et de prendre part
activement à toute réflexion ou action sur son avenir.
Fait à Charleroi, le 22
novembre 2010
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DEBAT INSTITUTIONNEL EN WALLONIE ET A BRUXELLES +++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++
mercredi 19 décembre 2012
LA WALLONIE PAR CHOIX, NON PAR DEFAUT !
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