mercredi 19 décembre 2012

LA WALLONIE PAR CHOIX, NON PAR DEFAUT !

Résolutions de l’Assemblée du 22 novembre 2010
Nous, citoyennes et citoyens de Wallonie, issus du monde politique, économique, syndical, culturel et associatif, militants du Mouvement wallon et acteurs de notre société dans sa diversité, réunis ce 22 novembre2010 à Charleroi, à titre individuel ou comme représentants de divers groupements, voulons faire entendre notre voix dans le débat institutionnel actuel qui influencera directement l'avenir de notre Région. A cette fin, nous avons adopté la présente Déclaration qui réaffirme les principes fondamentaux sur lesquels nous voulons construire l'avenir de la Wallonie :
§ 1er Partant des constats que :
1) La posture politique de n’être « demandeur de rien » a été néfaste aux intérêts des Wallonnes et des Wallons. Elle a même nourri, en Flandre, une forte frustration qui s’est traduite par l’émergence d’un puissant courant nationaliste : celui-ci accule les négociateurs francophones à une grande réforme de l’Etat : ceux-ci n’y adhèrent que forcés et contraints, par reculades successives et sans grande préparation. Cela, c’est s’occuper de la Wallonie – et de Bruxelles – par soustraction, par dépit, la peur au ventre, par défaut d’une vie commune devenue bien difficile. Nous plaidons, au contraire, pour un sursaut de fierté, pour la volonté d’assumer un choix : celui d’assumer notre destin, celui de rendre une ambition pour notre Wallonie, pour notre Région, seul cadre de référence à la fois comme élément d'identification et comme moteur d’une stratégie de développement.
2) L'institution communautaire francophone, basée sur une simple appartenance linguistique, est porteuse d'enfermement et de repli identitaires. Incapable de répondre aux aspirations des populations qui la composent, elle ne sera jamais à même de déclencher une mobilisation citoyenne capable de générer un «vouloir vivre ensemble ».
3) Rien n’émergera de la nostalgie de la Belgique de grand papa, où, dans les faits et durant plus d’un siècle, les décisions politiques nationales furent très souvent contraires aux intérêts wallons. Aujourd’hui encore, bien des compétences restées fédérales, sont gérées à l’encontre de nos intérêts : l’armée, le transport ferroviaire, la politique fiscale en sont des exemples récemment exposés dans l’actualité. Le risque d’appauvrissement ne tient-il pas surtout à un attentisme pénalisant, à un report continuel d’initiatives audacieuses au service d’un plan global ambitieux ? 4) La Wallonie s’est construite sur des valeurs de solidarité et se conçoit autour d’un projet constructif de citoyenneté, davantage que sur un sentiment d’appartenance national. 5) Les discussions sur une hypothétique fédération Wallonie-Bruxelles, juridiquement inapplicable, constituent une impasse politique. Ce scénario ne répond pas aux véritables questions que la Wallonie doit affronter.
§ 2 Nous estimons que :
1) Il est temps de laisser derrière nous un État belge où deux Communautés se font face, pour mettre les institutions en phase avec la réalité de la population du pays, en permettant l'épanouissement des Régions, chacune avec son identité propre, des institutions cohérentes et la capacité de développer entre elles des coopérations efficaces, car tissées entre des partenaires égaux.
2) La demande des dirigeants germanophones de se constituer en une quatrième Région-Communauté doit être soutenue. Elle rejoint notre volonté de voir les Régions responsables intégralement de leur politique culturelle.
§ 3 Nous considérons que:
1) La liste des compétences fédérales devra être établie de manière limitative tout en garantissant une fiscalité identique dans l'ensemble du pays et en renforçant la solidarité interpersonnelle (la sécurité sociale) et l'unicité du droit au travail, appréhendés, tous deux, dans un sens large, et ce pour l'ensemble des travailleurs, indépendamment de leur lieu de travail ou de domicile. S’il advenait, dans le cadre des négociations, que ces principes ne puissent être respectés ou que le prix de leur maintien soit insoutenable (tant financièrement qu’au plan des principes et de leur mise en œuvre concrète), il s’imposerait d’élaborer rapidement une alternative quant à la récupération des moyens, à leur affectation et au mode de contrôle des mécanismes à initier au plan des Régions.
2) La solidarité et la complémentarité entre la Wallonie et les autres Régions se matérialisera et se renforcera de manière réellement efficace par une collaboration large de Région à Région, sans impliquer, par définition, le recours à des institutions communes.
3) Le transfert complet à la Wallonie de compétences déjà largement régionalisées (mobilité, environnement, énergie, agriculture, santé, etc.) doit être considéré comme constituant une évolution logique dans une optique de renforcement de la cohérence et donc de l'efficacité des politiques régionales.
4) La tenue, à des moments distincts, des élections fédérales et des élections régionales est l'un des fondements du fédéralisme et doit donc demeurer en vigueur.
§ 4 Nous réclamons que:
1) Complémentairement au transfert prochain de nombreuses compétences fédérales vers les entités fédérées, soit mise en œuvre une réorganisation approfondie du paysage institutionnel francophone en consacrant la maîtrise et la gestion par les Régions, et donc par la Wallonie et par Bruxelles, des compétences culturelles au sens large à savoir l'enseignement, la recherche, la politique culturelle et sportive et les médias ; compétences essentielles pour relever les défis du redéveloppement global et durable spécifique à chaque Région.
2) Tout transfert de compétences s’accompagne des moyens financiers et humains requis, ils ne peuvent conduire à l’appauvrissement direct ou indirect des citoyens d’une ou de plusieurs Régions .
§ 5 Nous appelons :
1) Au lancement sans plus attendre d’un débat sur un projet politique mobilisateur pour la Wallonie, facteur indispensable à un développement cohérent intégrant les dimensions économiques, sociales, environnementales, éducatives, sportives et culturelles.
2) A ce que ce projet soit d’ores et déjà débattu au sein de toutes les institutions, organes, associations constituant la société civile wallonne dans toute sa complexité et sa diversité et ce dans le respect de nos valeurs de liberté, de solidarité et d’ouverture à l’Europe et au monde. Nous, citoyennes et citoyens de Wallonie, issus des mondes politique, économique, social, culturel et associatif, militants wallons et acteurs de notre société dans sa diversité, prenons l'engagement, chacun à notre niveau de responsabilité, tant du point de vue personnel que collectif, de faire le choix de la Wallonie et de prendre part activement à toute réflexion ou action sur son avenir.
Fait à Charleroi, le 22 novembre 2010
25.11.10

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