samedi 15 décembre 2012

A ENGHIEN, DES FACILITES QUI EXASPERENT

 

Article de Paul Piret dans « La Libre Belgique » du 24 novembre 2008

Enghien (Edingen) est l’une des quatre communes hennuyères et wallonnes à facilités pour les néerlandophones, à la frontière linguistique. Sa bourgmestre (et députée wallonne) Florine Pary-Mille (MR) n’a rien d’une rabique communautaire. Au contraire. Lorsque son collègue "d’en face", le maïeur CD&V de Renaix, a fait une sortie en août pour réclamer la suppression des facilités (depuis, son conseil a voté une résolution en ce sens), elle lui a reproché ouvertement ses "propos décalés et de repli sur soi". Sa ville fait partie du réseau local "Vivre ensemble"/Samen leven". On ne fait pas état de tracas pour ses habitants néerlandophones (passés en peu de temps de 7 à 15 pc, sur une population, en hausse constante, de 12 000 habitants). Et elle va au-delà des obligations légales (ainsi, le périodique communal est en partie bilingue).

N’empêche, là, Mme Pary-Mille a un coup de sang. "J’en ai ras-le-bol , nous dit-elle après une nouvelle et vaine interrogation à son ministre de tutelle, Philippe Courard (PS). Ras-le-bol non pas des facilités en tant que telles, mais bien des charges qu’elles génèrent sans avoir les moyens pour les assurer correctement."

Car - on le dit peu dans les grands déballages Nord/Sud - les facilités ont leur coût local. En affichage, enquêtes, traductions, enseignement, signalisation... A quelle hauteur, à Enghien ? "Inchiffrable" , répond sa bourgmestre. Mais en 2000, à son entrée en charge maïorale, on l’estimait à 6 ou 7millions de FB sur un budget de 400. Depuis, il n’a fait qu’augmenter, assure-t-elle, renvoyant à ce seul petit exemple : un recrutement de médecin pour le service d’incendie doit ici passer par la presse nationale. Facture : 2 800euros, le double qu’ailleurs.

Où ça se gâte, c’est que le vieux Fonds wallon des communes - si contesté pour le reste - prévoyait un rabiot spécifique aux communes à statut linguistique spécial pour les charges qui en découlent. Ce critère a été abandonné à la réforme. Le ministre Courard, qui ne nie pas le problème, avait alors indiqué qu’il fallait trouver une solution hors du Fonds. Cette fois, il ajoute que cette solution est à chercher... non pas à la Région, gardienne des bourses locales, mais à l’Etat fédéral, compétent en statut spécial. Il se réfère à un avis en ce sens du Conseil d’Etat, de 2006, sur une proposition de décret de la même députée-bourgmestre qui voulait augmenter la tranche du Fonds pour les entités dans son cas.

Mme Pary-Mille n’apprécie pas : on fait marche arrière, puisque la situation des facilités n’a pas changé depuis lors : "Arrêtons de dire : chacun dans sa niche. La Région sortirait grandie en sortant elle-même une solution." Certes, le ministre-président Rudy Demotte (qui connaît bien la situation, comme bourgmestre empêché de Flobecq, autre entité à facilités) a lancé un appel à projets (clôturé à la mi-octobre) d’aide aux communes pour promouvoir le multilinguisme de leurs sites Internet, mais c’est là, à hauteur de 25 000 euros, une mesure générale.

Problème très local ? Pas seulement : les francophones pourraient-ils porter le sujet au fédéral sans paraître se plaindre des facilités, à la grande satisfaction des tenants de leur suppression ?

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