mardi 11 décembre 2012

AVIS DE F.SCHEPMANS SUR LA COCOF




Françoise Schepmans Présidente du groupe MR au parlement bruxellois, vice-présidente du parlement de la Communauté française

Nous devons parler d’une seule voix, la Cocof doit disparaître

jeudi 15 novembre 2007, 11:48

Devant la multiplicité des institutions francophones et face à l’incertitude quant à l’avenir de la Belgique, la Communauté française doit aujourd’hui trouver un second souffle. Tout d’abord elle doit redéfinir avec ambition son rôle et son champ d’action. Elle doit ensuite parler d’une seule voix. Ainsi, elle emportera l’adhésion de tous les francophones belges.

Dans les matières qui sont les siennes (culture, enseignement, recherche, formation, aide à la jeunesse, santé et relations internationales), elle a pour rôle de mener à l’excellence les francophones belges par la dispense d’un enseignement de qualité, l’investissement dans une recherche de pointe et une ouverture à la diversité.

Parallèlement, elle doit avoir pour objectif de faire rayonner et partager leurs réalisations et qualités.

Aujourd’hui, l’enseignement en Communauté française est à la traîne. La dernière étude Pisa nous relègue en queue de peloton européen pour l’apprentissage des mathématiques et du français. Ainsi, l’apprentissage des langues, l’orthographe, la culture générale et la lecture sont arrivés à un niveau inquiétant.

Les filières techniques ne sont pas attractives malgré les importants débouchés. Il en découle une inadéquation entre les formations dispensées et les réalités actuelles, en particulier celles du marché du travail qui se traduit par un chômage endémique.

Ce n’est pas aux politiques – comme ils ont la tentation de le faire trop souvent – de définir les programmes d’enseignement ni la méthode. Laissons cette tâche essentielle aux pédagogues dont c’est le métier, en bonne synergie avec le monde de l’entreprise, en tenant compte des expériences réussies dans les autres pays de l’Union européenne. Aux mandataires publics de leur donner le cadre pour mener à bien leur mission et de veiller à ce que les parents réinvestissent le champ de l’école, sans abandonner leur rôle d’accompagnement indispensable.

Pour nos chercheurs, la Communauté française dispose de pôles de pointe que sont les universités. Dans le domaine culturel et artistique, les francophones belges ont des talents reconnus et appréciés bien au-delà de nos frontières. Ils font souvent preuve d’une remarquable diversité et d’un éclectisme. Donnons-leur à chacun les moyens d’être les porte-drapeaux de notre communauté à travers le monde, en soutenant, qui leurs travaux, qui leur talent, pour leur permettre de faire aboutir leurs travaux et de se lancer pour voler de leurs propres ailes. Il est temps de libérer ces énergies et d’arrêter de vouloir se substituer en institutionnalisant ces relations dans un cadre trop rigide.

La Communauté des Belges francophones doit ensuite parler d’une seule voix, erga omnes. Aussi, pour ce faire, la complexe Cocof (qui n’est rien d’autre qu’une délégation de la Communauté française à Bruxelles) doit disparaître et rapatrier ses compétences à la Communauté française.

Cette structure financièrement fragile (essentiellement financée par des dotations provenant de la Région de Bruxelles-Capitale et de la Communauté française et sans la moindre capacité fiscale) est en effet institutionnellement hybride : mi-autorité subordonnée, mi-entité fédérée dotée de pouvoirs égaux à ceux des autres communautés et régions du pays, qui depuis 10 ans connaît des problèmes budgétaires et n’a pas réussi à s’imposer parmi la population.

Pire, année après année, la situation empire à tel point qu’aujourd’hui, l’Institution a le plus grand mal à assurer ses missions. En outre, ses planches de salut apparaissent hypothétiques. Les ministres flamands du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale sont plus que jamais opposés à faire le moindre effort pour la petite sœur francophone. Quant à la Communauté française, cela suppose de revoir la clé de répartition de sa dotation entre la Cocof et la Région wallonne. Or, embarquée dans son plan Marshall, la Région wallonne ne semble pas prête à faire des sacrifices financiers pour Bruxelles.

Et cela n’est pas près de changer puisque selon les économistes, aucune marge budgétaire ne sera disponible avant 2009.

A cela s’ajoute une perte de crédibilité. Un certain nombre de projets qui auraient pu être développés à partir de la Cocof afin de leur assurer une cohérence et une uniformité en région bruxelloise sont directement confiés à l’initiative communale. Je prends comme exemple les services d’aide aux primo-arrivants et les maisons des cultures et de la cohésion sociale qui se créent de manière disparate dans l’une ou l’autre commune alors que la Cocof, compétente en la matière, aurait pu au moins coordonner et structurer leur mise en place.

Enfin, comme si cela ne suffisait pas, son Président, Monsieur Doulkeridis rebaptise l’assemblée qui réunit les 72 députés bruxellois francophones en parlement des francophones de Bruxelles, créant la confusion avec le parlement de la Communauté française. En effet, le parlement des francophones de Bruxelles, tout comme le parlement des Wallons dans ses aspects communautaires, c’est le parlement de la Communauté française !

La Cocof a donc grandi trop vite, de manière anarchique et sans avoir l’efficacité et la capacité financière adéquate. Elle est aujourd’hui d’une complexité sans nom et les changements d’appellation n’y pourront rien.

Elle affaiblit le lien Wallonie-Bruxelles dont la Communauté française est le ciment. Face à l’expression d’un nationalisme flamand exacerbé, il est temps que la Communauté française redevienne l’unique lieu de rassemblement des francophones belges.

Assurer la spécificité des Bruxellois francophones dans les domaines sociaux, culturels, éducatifs et sportifs ne justifie pas des compétences législatives : un pouvoir réglementaire suffit.

La Communauté française doit par ailleurs renforcer son lien avec les francophones vivant en dehors des régions wallonne et bruxelloise.

Ainsi, la conclusion d’un accord de coopération culturel avec la Flandre – que celle-ci refuse obstinément à ce jour – est une absolue priorité pour assurer la continuité de son rayonnement culturel, historique et linguistique, notamment à destination des francophones vivant en région flamande mais aussi à l’attention de tous les autres Belges.

En retrouvant une politique ambitieuse qui soutient les talents, la diversité et leur rayonnement et en parlant d’une seule voix forte, la Communauté française emportera de facto l’adhésion de l’ensemble des francophones belges qui pourront enfin s’identifier à une structure claire et unique, à l’action politique lisible qui remplit ses missions essentielles.

Puisse la Commission Wallonie-Bruxelles, enfin initiée par la ministre-présidente de la Communauté française, ne pas l’oublier.


16.11.07
 

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