MSF interpelle les autorités
Médecins sans frontières va bientôt arrêter son activité médicale à Bruxelles. L’ONG réitère son appel pour le financement public d'un relais santé destiné aux exclus des soins de la capitale.
«Ayant annoncé aux pouvoirs publics depuis plusieurs mois l’arrêt début 2008 de ses activités médicales en région bruxelloise, MSF s’inquiète de l’immobilisme des autorités par rapport à la continuité des services. Malgré certaines améliorations de l’accès aux soins des personnes en séjour irrégulier, une structure de référence telle que le "relais santé" de MSF restera indispensable. Il appartient aux autorités d’en prendre la responsabilité et de la financer », alertent les responsables de MSF.
L’ONG estime que la complexité du système belge et les procédures font que les droits des patients précarisés ne sont pas systématiquement appliqués dans notre pays. D’où l’importance cruciale d’un «relais santé» qui puisse informer, rediriger et dépanner les personnes en quête de soins.« La preuve de l’efficacité de cette structure permettant d’aiguiller les exclus des soins vers le système classique, est qu’à peine un quart des patients reviennent une deuxième fois chez nous », explique le docteur Pierre Ryckmans, coordinateur médical des projets belges de MSF. «Une fois qu’ils ont été orientés vers le prestataire de soins, ils n’ont plus de raisons de revenir chez nous. Ils savent à qui s’adresser pour les consultations futures. »
MSF communique qu’en 2007, le "relais santé" géré et financé par MSF a effectué plus de 4.000 consultations médico-sociales. L’ONG regrette que la Région bruxelloise ne suive pas l’exemple de la Région wallonne, qui a créé en 2005 son premier relais santé, à Liège, puis ensuite à Charleroi et à Mons. MSF cessera ses activités à Bruxelles en avril 2008, mais restera actif à Anvers « où l’accès aux soins reste un problème énorme, et où l’inertie du CPAS est un obstacle majeur.»
Au cabinet du ministre de la Santé de la Région Bruxelloise, on souligne que le problème se situe surtout au niveau des compétences des pouvoirs impliqués dans ce dossier. « Nous avons rencontré les responsables de Médecins du monde et de MSF pour leur expliquer la situation, explique Philippe Henry de Generet, responsable de la cellule santé du cabinet Cerexhe. Les soins de santé pour les personnes précarisées relèvent des CPAS. Les ministres compétents en la matière sont E. Huytebroeck et P. Smet, et non les ministres de la Santé de la Cocom, B. Cerexhe et G. Vanhengel. De plus, les ministres régionaux sont compétents au niveau de l’organisation des CPAS, tandis que la loi qui régit l’aide aux personnes précarisées est fédérale. Nous avons donc demandé une conférence interministérielle de l’Intégration sociale sur la question. »
En attendant cette réunion au sommet, le ministre Cerexhe a débloqué un budget de 10.000 euros pour le relais santé bruxellois. Une somme calculée sur base du nombre de consultations médicales de patients sans couverture sociale effectuées par cette structure.
Vincent Claes (Journal du Médecin)
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