Enseignement, politiques sociales, culture, relations internationales, médias :
pour une Wallonie maîtrisant
tous les leviers de son développement.
Livre blanc pour la Wallonie – Phase I
Dans le droit fil du Manifeste pour la culture wallonne de 1983 et du Manifeste pour une Wallonie maîtresse de sa culture, de son éducation et de sa recherche de 2003, notre groupe de réflexion, issu de la grande réunion-débat publique du 29 février 2008 à Namur « Pour un projet politique mobilisateur de la société wallonne », réunit des citoyennes et des citoyens de Wallonie actifs dans les milieux associatif, culturel, syndical, social, économique et politique.
Nous avons réfléchi ensemble à la suite que nous voulions donner à cet événement et, à l’occasion des Fêtes de Wallonie, nous avons rassemblé dans ce Livre blanc les premières contributions des membres de ce groupe.
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Nous sommes pour une Wallonie offensive définissant ses objectifs mais nous ne sommes évidemment pas obsédés par l’institutionnel. Nous voulons pour les citoyens wallons une Région qui n’oublie pas les priorités de ses habitants, la lutte pour un renforcement du niveau de vie et contre le chômage. Nous souhaitons que, grâce aux réformes institutionnelles, les difficultés de nos concitoyens soient mieux prises en compte.
Le temps du refus de négocier est révolu.
Il faut se préparer à négocier avec les Flamands, avec sérénité en définissant nos revendications et en les faisant connaître.
Nous concevons le débat institutionnel sur base de 3 Régions et non plus de 2 communautés.
Nous refusons la dilution des institutions wallonnes dans une fédération Wallonie-Bruxelles, nous voulons un redéploiement des compétences de la Communauté française vers la Wallonie et Bruxelles.
La solidarité entre la Wallonie et Bruxelles ne peut avoir pour prix la suppression ou l’occultation d’une des deux entités, mais elle doit, au contraire, respecter l’identité et les intérêts propres des deux populations.
L’institution communautaire francophone, basée seulement sur la langue et la culture, est porteuse d’enfermement et de repli identitaires ; elle constitue en elle-même un obstacle à l’harmonisation et à l’accélération du redéveloppement régional.
Nous voulons trois Régions, chacune avec son identité propre, des institutions cohérentes et la capacité de développer des coopérations efficaces car tissées entre des partenaires égaux.
La maîtrise et la gestion par la Wallonie des compétences culturelles au sens large - à savoir l'enseignement, la recherche, les politique culturelle, sportive et sociales, les médias et les relations internationales - sont un facteur indispensable à la définition d'un véritable projet de développement cohérent et intégrant les dimensions économiques, sociales, environnementales, éducatives et culturelles.
La solidarité et la complémentarité entre la Wallonie et Bruxelles peuvent se matérialiser et se renforcer de manière réellement efficace par une collaboration large de Région à Région, sans impliquer, par définition, la dilution de l’une d’entre elles au sein d’institutions communes.
La liste des compétences fédérales devra être établie de manière restrictive (conformément à l’article 35 de la Constitution) tout en garantissant une fiscalité des entreprises identiques dans l’ensemble du pays et en renforçant d’une part la solidarité interpersonnelle par une sécurité sociale forte et d’autre part l’unicité du droit du travail, appréhendés tous deux dans un sens large, et ce pour l’ensemble des travailleurs, indépendamment de leur lieu de travail ou de leur domicile.
Le transfert complet de compétences déjà largement régionalisées, comme par exemple l’environnement, l’énergie ou l’agriculture, constituerait une évolution logique dans une optique de renforcement de la cohérence donc de l’efficacité des politiques régionales.
En regroupant au sein de leurs instances respectives de pouvoir les compétences relevant des domaines tant matériels qu’immatériels, les Régions wallonne et bruxelloise seront en outre en mesure de jouer un rôle décisif dans l’évitement de la crise d’État qui aujourd’hui menace, et cela en tant que désormais reconnus comme les seuls interlocuteurs véritablement habilités et réellement efficaces des négociateurs de la Communauté-Région flamande.
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Le Livre blanc pour la Wallonie – Phase I présente un premier état intermédiaire – condensé et encore partiel – de nos travaux en cours, réparti en 5 chapitres spécifiques correspondant aux compétences dont l’exercice par la Wallonie et Bruxelles est dès à présent réclamé :
1. Culture et citoyenneté en Wallonie
2. Pourquoi et comment il faut régionaliser l’enseignement
3. Pour une régionalisation de l’accueil de l’enfance et des autres matières personnalisables
4. Un nouveau paysage audiovisuel public :
pour une télévision « de Wallonie et de Bruxelles » ;
pour des radios wallonnes, bruxelloises et « de Wallonie et de Bruxelles »
En conséquence de la régionalisation des matières culturelles, l’audiovisuel public doit s’organiser selon une organisation administrative bi-régionale. Ce qui implique, entre autres, l’effacement de la RTBF communautaire au profit d’une structure en réseaux, celle-ci évitant au maximum de nouveaux et coûteux investissements techniques et reclassant le personnel de la RTBF dans les entités composant ces réseaux.
En matière de télévision, il s’agira d’installer un seul opérateur public, la « Télévision de Wallonie et de Bruxelles », mis en place par décisions conjointes des deux Régions, dans un contrat de gestion à trois signatures.
En matière de radio, chaque Région aura une autonomie complète pour créer son ou ses opérateurs publics sous contrats de gestion distincts. Avec possibilité pour les deux Régions, si elles en convenaient entre elles, de créer ensemble une ou des chaînes de radio thématiques « de Wallonie et de Bruxelles », selon le modèle de la Télévision.
En matière d’information de service public (radio, TV et Internet), un seul organe de presse autonome serait créé conjointement par les deux Régions sur le modèle d’organisation de la Télévision. Il serait fournisseur de toutes les chaînes (« clientes »
5. Promouvoir la Wallonie sur la scène européenne et mondiale
La Wallonie est déjà devenue un acteur à part entière sur la scène internationale. Mais ce rôle, trop méconnu des citoyens wallons, doit être amplifié :
§ dans les instances de l’Union européenne en y renforçant la participation des ministres régionaux ;
§ au sein de l’Organisation Internationale de la Francophonie où la Wallonie (troisième contributeur à son financement) devrait bénéficier d’une représentation directe au côté de Bruxelles ;
§ sur la scène mondiale où les Régions devraient cogérer les « affaires étrangères » de la Belgique, y compris la coopération internationale au développement multilatérale et gouvernementale ; pour la coopération non gouvernementale, nous exigeons la régionalisation immédiate des budgets et du personnel prévus pour la gestion des programmes de la coopération internationale menée par la société civile des trois Régions avec des partenaires du Sud.
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A l’heure où des négociations institutionnelles se préparent et à quelques mois des élections régionales, le présent Livre blanc pour la Wallonie doit donc être perçu comme un point de départ, qui en appelle à l’imagination de tous nos dirigeants et représentants : qu’ils soient conscients qu’il est de l’intérêt des Wallons comme des Bruxellois de se doter des instruments politiques et institutionnels qui garantiront leur avenir.
Il est grand temps de laisser pour de bon derrière nous un État-Belgique où deux Communautés se font face, afin de permettre aux 3 Régions de s'épanouir, chacune avec son identité propre et des institutions efficaces et simplifiées.
Namur, capitale de la Wallonie, le 16 septembre 2008
François ANDRÉ (Politologue ; Mouvement du Manifeste wallon ; revue Toudi)
Francis BISMANS (Professeur et militant politique)
Thierry BODSON (Syndicaliste)
Robert COLLIGNON (Juriste ; ancien Ministre-Président de la Région wallonne)
Raymond COUMONT (Syndicaliste)
Jean-Maurice DEHOUSSE (Ancien Ministre-Président de la Région Wallonne ; ancien Bourgmestre de Liège)
Jacques DUPONT (Wallonie Libre ; Comité wallon d’Action pour les Relations extérieures)
José FONTAINE (Revue Toudi)
Michel GIGOT (Vice-Président du Mouvement du Manifeste wallon ; CWARE)
Christophe HAVEAUX (Chargé de communication ; revue Toudi)
Jean-Pol HIERNAUX (Fonctionnaire)
Philippe HUBERT (Militant wallon)
Jean-Émile HUMBLET (Professeur émérite ; Sénateur e.r. ; CWARE)
Jean-Pierre LAHAYE (Club Walco)
Janine LARUELLE (Secrétaire du Mouvement du Manifeste wallon)
Daniel LAURENT (Mouvement socialiste)
Jean LOUVET (Président du Mouvement du Manifeste wallon)
Dominique NAHOÉ (Journaliste)
Christian NAPEN (Conseiller politique)
Jean PIROTTE (Historien ; Président de la Fondation wallonne P.M. et J.F. Humblet)
Daniel RICHARD (Syndicaliste)
Annette ROBYNS (Militante wallonne)
Annick THYRÉ (Syndicaliste)
Laurent VANDAMME (Wallonie Libre ; CWARE)
Jean-Claude VANDERMEEREN (Syndicaliste)
Yves WÉZEL (Économiste)
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