jeudi 13 décembre 2012

A QUAND LA CULTURE AUX REGIONS ?


« Le Kunsten dans le flou francophone » - Article de Guy Duplat dans « La Libre Belgique » du mardi 29 avril 2008

Mener des initiatives culturelles bi-communautaires à Bruxelles, s'apparente à un chemin de croix. En témoignent à nouveau les ennuis du KunstenFESTIVALdesarts avec la Communauté française (on aurait la même chose si on parlait du Wiels, le nouveau centre d'art contemporain). Le festival débute dans dix jours. Il a, de l'avis unanime, une place unique en Belgique. Le conseil supérieur de l'art dramatique expliquait, en 2006, dans son avis pour un nouveau contrat-programme : "Il est très important que la Communauté française reste significativement présente dans un événement de prestige dont la visibilité est immense, et qui est la seule manifestation belge à pouvoir rivaliser avec le Festival d'Automne à Paris ou le Festival d'Edimbourg. Le conseil souhaite que le montant de la participation financière de la Communauté soit significatif par rapport aux autres pouvoirs subsidiants". Le Kunsten est un festival bi-communautaire où le français et le néerlandais sont des langues à égalité. Il est dirigé dorénavant par un francophone (Christophe Slagmuylder) après l'avoir été par Frie Leysen. Le Kunsten a démontré que ses aides directes à des créateurs et à des salles de la Communauté française étaient supérieures au montant des subsides qu'il recevait de la Communauté. Le budget total du Kunsten (2,7 millions d'euros) se compare bien avec celui du Holland festival (4,7 millions) ou du festival d'Edimbourg (12,6 millions). Et la ministre de la Culture, Fadila Laanan se réjouit du Kunsten.

Mais malgré tout ça, le flou budgétaire menace le Kunsten. Ses codirecteurs, Christophe Slagmuylder (artistique) et Roger Christmann (financier) sont inquiets et un peu fatigués de se battre dans le brouillard.

Le rappel des faits est éloquent. Le Kunsten avait un contrat-programme avec les francophones, jusqu'en 2006 qui prévoyait un subside de 420000 euros par an. Il a introduit en 2005, une demande de renouvellement pour porter le subside à 850000 euros et se rapprocher, à 75 pc, du montant apporté chaque année par les Flamands (1,15 million d'euros).

Mais aucun nouveau contrat-programme n'a encore été signé. Et les dirigeants du Kunsten doivent travailler dans la précarité, sur base de l'ancien contrat-programme. En 2007, ils ont eu la bonne surprise de recevoir quand même, un subside supplémentaire de 150000 euros puisés sur les crédits Loterie nationale (un subside 2007, qui n'est cependant toujours pas arrivé, un an plus tard. Il pourrait arriver en juin, et, en attendant, le Kunsten doit payer aux banques des intérêts sur les emprunts qu'il est obligé de contracter).

Pour cette édition 2008, la Communauté française a confirmé le 6 mars seulement un subside de 487000 euros seulement, soit 50000 euros de plus que l'ancien contrat-programme mais 100000 euros de moins qu'en 2007 ! Les dirigeants du Kunsten avaient cru sur base de ce que le cabinet leur avait dit en 2007 (mais celui-ci nie l'avoir promis) que les subsides 2007 seraient au moins prorogés les années suivantes. Pour l'instant, il n'en est rien. Au mieux, le cabinet Laanan espère obtenir du ministre du Budget une augmentation progressive pour atteindre les 150000 euros d'augmentation en 2012. Peut-on, en attendant, compenser avec les crédits Loterie comme on l'a fait en 2007 ? Ici, le flou demeure car "les demandes sont nombreuses", leur a-t-on dit. Si le Kunsten ne reçoit pas ces 100000 euros, il devra compenser cette perte l'an prochain par deux productions en moins. De plus, le festival craint que la Communauté flamande se lasse de payer la grande majorité d'un festival bi-communutaire (le subside francophone actuel ne couvre que 18 pc du budget !). Et le Kunsten craint que la Communauté flamande ne diminue dès lors ses subsides. "On n'est pas fâchés, disent les directeurs, on est inquiets. Il est difficile de travailler dans ce flou".


30.4.08
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire