vendredi 14 décembre 2012

TROIS ou DEUX ETATS


On sait que la Belgique est un Etat fédéral constitué de deux communautés (la Communauté flamande et la Communauté française + la petite Communauté germanophone, soit moins d’un % des Belges, ce qui ne l’engage - elle-même - qu’à réclamer une « petite place » - qui lui sera faite), et trois Régions : Bruxelles, Flandre, Wallonie. Les Communautés sont fondées sur la langue, ce qui ne se confond pas totalement avec le territoire (puisqu’il existe une minorité flamande à Bruxelles où la Flandre a d’ailleurs placé sa capitale, la Communauté française étant présente aussi à Bruxelles et en Wallonie). Sont constitutifs des Régions : le territoire et la population, soit les deux éléments de l’Etat moderne. En dépit du fait que les Flamands (majoritaires), sont en faveur d’une Belgique à deux, ils ont été contraints d’en admettre une à trois et que les députés des Etats fédérés soient élus sur une base territoriale et non d’après la langue qu’ils parlent.

Or Bart De Wever vient de déclarer vendredi à la radio qu’il n’acceptait pas que le dialogue sur la marche à la Confédération d’Etats qui se substituerait à la Belgique, ait lieu entre trois partenaires, mais avec deux ce qui exclut Bruxelles

Bart De Wever est le chef de la NVA (Nouvelle alliance flamande) en cartel avec les démocrates-chrétiens flamands du CD&V. Depuis la crise ouverte en juin 2007 (et qui, dans les faits se prolonge), la NVA a tendance à pousser les démocrates-chrétiens à se radicaliser. Les démocrates-chrétiens flamands craignent en effet que leur partenaire de cartel, qui représente plus ou moins 20 % de l’électorat de celui-ci aux élections de juin 2007, ne quitte le CD&V pour rejoindre, non les fascistes du Vlaams Belang (en perte de vitesse, heureusement), mais les nationalistes démocrates de la Liste Dedecker (en net progrès selon les sondages).

La prise de position très ferme de Bart de Wever (deux à la table des négociations et non trois), me rend pessimiste sur l’issue de ces négociations. Personnellement, je préférerais que le passage de la Belgique à une confédération de trois Etats se fasse sereinement et le plus vite possible. Or Bart De Wever empêche cela. Il est difficile dans un Etat fédéral que l’on exclue de la participation à sa redéfinition l’une de ses entités. En dépit des divergences qui existent entre Bruxellois et Wallons, ceux-ci n’accepteront pas que le cadre des négociations ne fasse une place égale aux Bruxellois, Wallons et Flamands. Certains Flamands peuvent penser que cette fermeté des Wallons et des Bruxellois pourrait s’expliquer par la volonté de former un front francophone (car la Wallonie est quasiment à 100% francophone et Bruxelles n’en est pas loin). Pourtant ce n’est pas le cas. Il y a des orientations profondément régionalistes tant à Bruxelles qu’en Wallonie, d’autant plus ancrées que les raisons en sont clairement démocratiques. Je dois donc écrire aujourd’hui que je crains une aggravation de la crise et qu’il m’est difficile d’écarter totalement l’hypothèse d’une rupture. Wallons, Flamands et Bruxellois ont prouvé qu’ils avaient une réelle capacité à gérer des conflits apparemment insolubles. Mais ici, on peut se demander s’ils se mettront d’accord sur la manière de se diviser en trois Etats confédérés puisque les Flamands ne veulent pas que ces Etats soient au nombre de trois, mais de deux. Mais ce désir flamand est si peu réaliste que je continue encore à croire que l’on parviendra à trouver un terrain d’entente, dans la mesure où je pense qu’il est nécessaire que même distincts, séparés, nous nous entendions sur une série de pouvoirs à exercer contractuellement…
José Fontaine

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