On sait que la Belgique est un Etat fédéral constitué de deux communautés (la Communauté flamande et la Communauté française + la petite Communauté germanophone, soit moins d’un % des Belges, ce qui ne l’engage - elle-même - qu’à réclamer une « petite place » - qui lui sera faite), et trois Régions : Bruxelles, Flandre, Wallonie. Les Communautés sont fondées sur la langue, ce qui ne se confond pas totalement avec le territoire (puisqu’il existe une minorité flamande à Bruxelles où la Flandre a d’ailleurs placé sa capitale, la Communauté française étant présente aussi à Bruxelles et en Wallonie). Sont constitutifs des Régions : le territoire et la population, soit les deux éléments de l’Etat moderne. En dépit du fait que les Flamands (majoritaires), sont en faveur d’une Belgique à deux, ils ont été contraints d’en admettre une à trois et que les députés des Etats fédérés soient élus sur une base territoriale et non d’après la langue qu’ils parlent.
Or Bart De Wever vient de déclarer
vendredi à la radio qu’il n’acceptait pas que le dialogue sur la marche à la
Confédération d’Etats qui se substituerait à la Belgique, ait lieu entre trois
partenaires, mais avec deux ce qui exclut Bruxelles
Bart De Wever est le chef de la NVA
(Nouvelle alliance flamande) en cartel avec les démocrates-chrétiens flamands
du CD&V. Depuis la crise ouverte en juin 2007 (et qui, dans les faits se
prolonge), la NVA a tendance à pousser les démocrates-chrétiens à se
radicaliser. Les démocrates-chrétiens flamands craignent en effet que leur
partenaire de cartel, qui représente plus ou moins 20 % de l’électorat de
celui-ci aux élections de juin 2007, ne quitte le CD&V pour rejoindre, non
les fascistes du Vlaams Belang (en perte de vitesse, heureusement), mais les
nationalistes démocrates de la Liste Dedecker (en net progrès selon les
sondages).
La prise de position très ferme de Bart
de Wever (deux à la table des négociations et non trois), me rend pessimiste
sur l’issue de ces négociations. Personnellement, je préférerais que le passage
de la Belgique à une confédération de trois Etats se fasse sereinement et le
plus vite possible. Or Bart De Wever empêche cela. Il est difficile dans un
Etat fédéral que l’on exclue de la participation à sa redéfinition l’une de ses
entités. En dépit des divergences qui existent entre Bruxellois et Wallons,
ceux-ci n’accepteront pas que le cadre des négociations ne fasse une place
égale aux Bruxellois, Wallons et Flamands. Certains Flamands peuvent penser que
cette fermeté des Wallons et des Bruxellois pourrait s’expliquer par la volonté
de former un front francophone (car la Wallonie est quasiment à 100%
francophone et Bruxelles n’en est pas loin). Pourtant ce n’est pas le cas. Il y
a des orientations profondément régionalistes tant à Bruxelles qu’en Wallonie,
d’autant plus ancrées que les raisons en sont clairement démocratiques. Je dois
donc écrire aujourd’hui que je crains une aggravation de la crise et qu’il
m’est difficile d’écarter totalement l’hypothèse d’une rupture. Wallons,
Flamands et Bruxellois ont prouvé qu’ils avaient une réelle capacité à gérer
des conflits apparemment insolubles. Mais ici, on peut se demander s’ils se
mettront d’accord sur la manière de se diviser en trois Etats confédérés
puisque les Flamands ne veulent pas que ces Etats soient au nombre de trois,
mais de deux. Mais ce désir flamand est si peu réaliste que je continue encore
à croire que l’on parviendra à trouver un terrain d’entente, dans la mesure où
je pense qu’il est nécessaire que même distincts, séparés, nous nous entendions
sur une série de pouvoirs à exercer contractuellement…
José Fontaine
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire