samedi 15 décembre 2012

"WALLONIE-BRUXELLES, OU QUAND LES NON-POLITIQUES SE FROTTENT A LA POLITIQUE" (La Libre)


Article de Laurent Gérard dans « La libre Belgique » du mercredi 17 décembre 2008
Intéressant, décevant ou frustrant: retour sur la participation civile au Groupe. ° La démarche était originale: associer, dans un même groupe de débat, une moitié de représentants de partis politiques et une autre moitié "issue de la société civile". Au terme d’une année de discussions sur l’avenir des francophones, le Groupe Wallonie-Bruxelles a-t-il obtenu des résultats intéressants? Pour ses deux coprésidents Philippe Busquin (PS) et Antoinette Spaak (FDF), c’est oui ("La Libre" du 16/12), même s’ils reconnaissent qu’ils auraient voulu "aller plus loin" . Le rapport qu’ils ont rendu lundi sur "l’évolution du paysage institutionnel et le concept de Fédération Wallonie-Bruxelles" a certes recueilli l’aval des quatre partis francophones, mais qu’en pensent les membres non-politiques du Groupe? Comment ont-ils vécu cette expérience de participation directe à la vie politique? Brice Many (Conseil de la jeunesse catholique) tire "un bilan positif, malgré la difficulté de brasser en un seul lieu des politiques, qui ont des comptes à rendre aux électeurs et à leur parti, et des gens de la société civile". C’était en tout cas enrichissant. "Cela nous a permis de décoder comment fonctionne le monde politique, témoigne Jean-Pierre Champagne (Fédération wallonne des agriculteurs). Et de remarquer à quel point il est conservateur quant aux structures (Communauté française, Cocof)." A quel point, aussi, il est partagé. Bernard Rentier, recteur de l’université de Liège: "On est noyé dans les clivages. On comprend mieux les limitations de l’action." "On nous a donné la parole, ce qui est déjà sympathique, estime cependant le Pr Rentier. On savait que le relais serait pris par les politiques. Je ne crois pas que nous avons été instrumentalisés mais nous avons été appelés pour donner une crédibilité extérieure. La politique, c’est l’affaire des politiques. Ici, c’était un peu de la politique "marche blanche", de la consultation populaire." Et le fruit du travail du Groupe, adopté lundi en séance plénière, est-il satisfaisant? "Si ce n’est l’unanimité sur la nécessité d’un lien entre Bruxelles et la Wallonie, on savait qu’on n’arriverait à rien de transcendant", fait remarquer Bernard Rentier. "Le résultat limité est sans doute lié à la complexité institutionnelle, juge Jean-Yves Saliez (Inter-Environnement Wallonie), mais aussi à un manque de méthode, de rigueur. Je n’ai d’ailleurs pas participé jusqu’au bout. Si c’est pour entendre des litanies d’autosatisfaction d’acteurs économiques en place" Brice Many est moins sévère: "Le rapport de lundi ne permet pas de prendre la mesure de la qualité de ce qui a été fait par les groupes de travail (NdlR: enseignement, matières personnalisables, économie et culture). Je préfère dire que c’était le rapport des politiques plutôt que celui du Groupe Wallonie-Bruxelles. Si on pouvait maintenant préciser ce vers quoi les francophones veulent aller, ce serait bien." Jean-Pierre Champagne acquiesce: "Le résultat positif, c’est le renforcement des liens Bruxelles-Wallonie avant les élections. Pour le reste, les débats devront être poursuivis. Il faudra concrétiser, en dehors de toute passion." Mais le débat, notamment sur l’enseignement, sera-t-il poursuivi après les élections? Certains en doutent. Déçu, Jean-Claude Vandermeeren (ex-FGTB wallonne) se demande si "le débat ne sera pas enterré". "Pourtant, dit-il, tout en s’interrogeant sur la "crédibilité" des politiques, le texte final est inodore et incolore. C’est un compromis politique un peu vide, sans propositions concrètes. Il n’y a jamais eu de véritable débat en séance plénière sur la question régionalistes-communautaristes. On n’a rien réglé. J’attends qu’on aille plus loin." Affaire à suivre, donc. Enfin, peut-être.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire