samedi 15 décembre 2012

DERNIERE CHANCE OU NOUVELLES ECHEANCES (R.Collignon)

11 octobre 2008

Carte blanche dans Le Soir

Robert Collignon Président honoraire du Parlement wallon (PS)

J’avais déjà été abasourdi, en son temps, par la médiocrité des déclarations de rentrée des présidents des partis francophones. À tel point que, dorénavant, pour gagner du temps et de l’espace pour les choses importantes, je suggère qu’ils se choisissent un porte-parole ou qu’un seul d’entre eux s’exprime.
Parce que, enfin !, à les écouter, on avait l’impression que rien d’important ne se passait au Royaume de Belgique. L’évolution communautaire, les problèmes institutionnels leur semblaient dérisoires. Comme un leitmotiv, une incantation, ils ne cessaient de surenchérir sur ce qui est une évidence pour qui s’engage un jour en politique : occupons-nous des gens. Est-ce possible qu’ils soient à ce point aveugles et sourds ? Pour une chose au moins, les voilà rassurés. La Flandre a décidé qu’il était temps désormais de s’occuper des gens… et même de gouverner, au niveau fédéral s’entend.
Alors que dans le camp francophone, on n’imagine pas d’autres avancées institutionnelles qu’intrafrancophones, qu’on rêve de fédération Wallonie-Bruxelles et qu’on voit resurgir les anciennes querelles entre régionalistes et communautaristes jusque dans le groupe de réflexion Wallonie-Bruxelles, les Flamands avancent. Ils maintiennent le dialogue de communauté à communauté dont ils n’ont cure que nous n’en voulions plus. Leterme, Premier ministre de plus en plus improbable, de plus en plus évanescent, en mal de définition, de rôle à jouer, se fait voler la vedette par un Peeters à la froideur technocratique et qui n’accepte de traiter qu’avec Demotte, le seul, semble-t-il à satisfaire à ses exigences de crédibilité et de sérieux. De là à ce que sous peu on aille nous supprimer les élections fédérales, il n’y a qu’un pas que certains, au nord, feraient sans hésiter. Comme ils sont déterminés à ne pas laisser toucher aux limites du territoire de Bruxelles qu’ils annexeraient volontiers ou dont, au mieux, ils feraient un district européen.
Les Wallons, comme le pensent encore certains d’entre eux, se devraient d’apprendre le néerlandais alors que les Flamands ont opté résolument pour un bilinguisme rationnel, à savoir néerlandais-anglais. Au sud, quelques égarés proposent, comme si leur trouvaille était à la hauteur de la révolution copernicienne, de refédéraliser certaines matières. Et leurs fantasmes sont aussitôt repris en chœur par des médias toujours prompts à faire écho à un politiquement correct qu’on ne rencontre que du côté francophone. Chez nous aussi, le mythe de la circonscription fédérale, présenté par les anciens Belges comme le rempart ultime contre la scission du pays, revient régulièrement. Jusqu’aux petits Wallons qui voient désormais figurer à leur programme une Brabançonne qu’ils pourront chanter à gorge déployée en agitant de jolis drapeaux lors des visites princières. Tout compte fait, inutile d’épiloguer sur la monarchie gardienne du Royaume et auréolée de toutes les vertus dans un texte écrit exclusivement en français.
Bon sang, arrêtons de fermer les yeux pour regarder la réalité en face. En tant que Wallon, l’avenir de la Belgique me préoccupe peu, je serais tenté de dire, de moins en moins. Ce qui doit nous mobiliser, c’est la Wallonie, seule patrie des Wallons. Après la peur et l’angoisse, n’aurions-nous que la résignation à nous mettre sous la dent ou bien comme ce Président de parti prétendant à toutes les fonctions, trouver original d’accabler les Wallons de tous les maux surenchérissant le discours flamand ? Trahison ou turpitude ou plutôt ambition démesurée d’un Rastignac félon ?
L’avenir de la Belgique ne devient pas moins incertain parce que la N-VA est momentanément hors jeu. Sortie avec tous les égards par la grande porte, elle rentrera tôt ou tard par la fenêtre. Il n’y a qu’en Wallonie, d’ailleurs, qu’on se berce d’illusions comme celle qui voudrait que des partis comme la N-VA seraient le seul moteur du nationalisme flamand. D’autre part, « the cost of non-Belgium » n’est plus une phobie à l’ordre du jour. De la même manière, reporter craintivement et de manière indéfinie la discussion de choses inconciliables n’est pas une solution. Ce qui est pour le moins paradoxal, c’est que ce rejet dans le futur du débat sur les choses qui fâchent n’apporte rien. La preuve, ce gouvernement de plus en plus inexistant s’effaçant peu à peu pour céder la place à une sorte de conférence des peuples constituant la Belgique.
Ce pays n’a jamais pratiqué le fédéralisme. Il ne connaîtra jamais le confédéralisme. Pour les Wallons, la seule question qui me semble aujourd’hui importante, c’est de savoir comment ils vont exercer leur autonomie.

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