DAVID COPPI
jeudi 17 avril 2008
ENTRETIEN
Vice-président du parlement bruxellois, et du groupe MR-FDF, Didier Gosuin plaide la cause régionale, dans une formation où le projet « francophone » et la défense de la « Communauté » dominent. Signe des temps.
Et prise de position qui tombe à pic, à côté du manifeste Demotte-Picqué. Dont notre interlocuteur n’avait pas connaissance – pas davantage que nous-mêmes à cet instant – au moment de l’interview, mercredi matin.
Convergence significative.
Il y a peu dans ces colonnes, le ministre wallon de l’Economie, Jean-Claude Marcourt, livrait sa profession de foi régionaliste
Et je déplore les répliques un peu sèches et brutales qu’il s’est attiré ici et là : « Il veut tout régionaliser ! » ; « Il faut que les francophones parlent d’une seule voix ! » ; « Usine à gaz institutionnelle ! », etc. Or, il n’est pas question d’une énième réforme institutionnelle, mais de l’efficacité des politiques francophones.
On y vient : la Communauté doit s’effacer ?
Le centre de gravité politique est régional, il faut en tirer les leçons. C’est à partir des Régions – Wallonie, Bruxelles – que doivent se décliner les politiques de la Communauté française. Laquelle doit devenir un relais des politiques régionales. Il faut cesser avec cette juxtaposition Régions-Communauté, avec ces blocs séparés de compétences. Et avec ces images un peu saugrenues de rencontres entre les deux exécutifs comme s’il s’agissait de chefs d’Etats étrangers ! On fait même des « accords de coopération » entre nous !… Qui sont d’une lourdeur, d’une complexité incroyables. Des monstres ! Cela suffit.
Quant aux compétences, prenez par exemple l’enseignement technique et professionnel à Bruxelles, où l’on a plus de 26 % de jeunes qui sortent de l’école sans qualification, et qui est la seule Région avec une natalité de 0 à 20 ans très positive, de plus de 6 %, contre + 0,8 % en Wallonie et – 1 % en Flandre… Donc : on a un fait démographique, un fait sociologique, on a le stock le plus important de non-qualifiés et de jeunes chômeurs, et nous ne pouvons pas développer une politique appropriée parce que les compétences sont morcelées !
Ou encore : comment peut-on mener une politique sociale efficace à Bruxelles sans pouvoir y inclure la formation… car c’est une compétence communautaire ?
Tous ces cloisonnements sont absurdes. La Communauté française ne peut pas se draper dans son « autonomie », mais devenir l’entité où l’on exécutera les politiques utiles et efficaces décidées par les Régions.
L’enseignement doit donc lui aussi passer aux Régions…
Oui, il faut le redéployer. Les objectifs de la politique d’enseignement doivent être fixés au plan régional – comme l’attribution des moyens budgétaires – et ces politiques seront déclinées par la Communauté, là où l’on dressera les passerelles entre les Régions.
Fini le gouvernement autonome de la Communauté ?
Fini le gouvernement à part entière, distinct. On y retrouverait les Wallons et les Bruxellois. Il faut les mêmes personnes dans les deux exécutifs, et la désignation de Rudy Demotte à la tête de la Région wallonne et de la Communauté est un pas.
C’est une petite révolution…
Je signale quand même que les élus qui siègent au parlement de la Communauté le sont sur la base de l’élection régionale. La logique régionale est donc évidente.
A quand cette réforme ?
Démarrons la prochaine législature, en 2009, sur cette base.
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