mercredi 12 décembre 2012

MILITANTS WALLONS EN RECONSTRUCTION


 Paul Piret

Mis en ligne le 28/02/2008
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Des mouvements wallons invitent à une grande réunion publique. Bien dans l'actualité.
Le pari : démontrer qu'une sensibilité régionaliste subsiste voire renaît.

Dossier

Ce vendredi soir (18 h 30) à Namur, à l'ancienne Bourse (qui hébergea le Parlement régional avant le St-Gilles), le Mouvement du manifeste wallon et d'autres invitent le grand public à débattre d'un "projet politique de la société wallonne pour son avenir".

Pas de suspense sur l'orientation finale de la déclaration, à se souvenir de la base du manifeste en question (de 1983, tellement controversé alors puis relancé en 2003) : la Wallonie doit être compétente pour son enseignement, sa politique culturelle et des médias. L'intérêt est ailleurs, dans l'audience, la moyenne d'âge et la représentativité de la réunion. Il réside aussi dans le fait que la convocation déboule dans un nouveau remue-méninges institutionnel et s'intègre dans ce qui pourrait s'apparenter à un réveil de la "cause" wallonne. On en veut pour preuve que le Mouvement tentait depuis 3-4 ans de préparer "une sortie" mais qu'il ne se sentait pas en capacité d'agir - "Nous sommes un peu l'armée des ombres" , constatait en réunion un grand ancien. Faut-il croire que l'actualité récente a pu servir de catalyseur...

José Happart, le Président (PS) du Parlement wallon, invité à clôturer la soirée : "Je constate en tout cas qu'un certain nombre de leaders du mouvement wallon jugent utile de demander leur avis aux gens sur l'évolution institutionnelle de la Wallonie." Un expert commente : "Nous sommes un peu comme en 1986, lorsque Wallonie-Région d'Europe s'est créé. Il y a certainement un frémissement. Qu'il débouche sur une résurgence, c'est à voir." Un syndicaliste prolonge : "La Wallonie aujourd'hui n'est pas dans le débat. Il ne faut pas qu'on l'oublie. On sent un intérêt, une attente, une frustration générale aussi - à l'égard des discours convenus et négatifs sur la Wallonie."

Reflux !

Si "résurgence" il y a, on reviendra de loin. Alors que l'Etat fédéral s'est installé et que les Régions ont prévalu sur les Communautés au fil des dernières réformes (de St-Quentin en St-Polycarpe), ou peut-être d'abord à cause de cette banalisation, le courant régionaliste a beaucoup perdu pied. Sur divers écueils.

Ecueil temps : singulièrement au PS, où les années Di Rupo n'ont rien à voir avec les années Spitaels (à la présidence du parti comme à celle de l'exécutif wallon) et où toute une génération s'efface, retirée (Dehousse, Robert Collignon) ou décrédibilisée (Van Cauwenberghe, Happart, Anselme). Ecueil pragmatisme : la mobilisation wallonne a dû se focaliser sur la situation économique, à l'enseigne des contrats d'avenir et autre plan Marshall. Ecueil institutions : c'est toujours une faiblesse, pour les Wallons et les Bruxellois, de devoir s'articuler sur un schéma plus compliqué et moins lisible qu'en Flandre. Ecueil politique : face aux revendications du Nord, un Sud francophone a propension à dominer des sudistes wallons, d'autant que les enjeux et revendications du moment se concentrent fort sur Bruxelles, ses finances, sa configuration et ses limites.

Flux ?

Mais à force, le balancier s'est peut-être remis en mouvement. En réaction à un "trop plein francophone", nourri par la surenchère constante de l'après-juin, qui en vient à occulter voire nier le fait régional. En riposte au groupe intrafrancophone "Busquin-Spaak" qui ne devait pas s'occuper de la "tuyauterie" (sic), mais s'est empressé d'entendre des constitutionnalistes - dont un Marc Uyttendaele qui a fait impression en ne faisant rien d'autre, selon ses détracteurs, que de ressortir le vieux schéma de fusion. En écho aux sujets négociés ou à discuter entre Sages et à l'Octopus, dont la défédéralisation potentielle emprunte des voies territoriales et fiscales, donc régionales, plus claires que dans le giron des Communautés. Et en parallèle à l'éveil d'un mouvement régional bruxellois (le "Nous existons" de trois associations) avec lesquels les régionalistes wallons ont pris langue.

Sans doute, les frémissements (ci-contre) s'exercent en ordre dispersé. "Passage obligé" , dit un Van Cau. Passage vers où ? La réponse est à (re)construire.

28.2.08
 

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