Sus à la francophomanie ! Et vive le fédéralisme à 3 Régions...
Paul Piret
Assemblée régionaliste. Où il est question de reprise de conscience wallonne.
Ceci n'est pas un bide", soupire un ancien, soulagé, début d'assemblée, à voir les 3 ou 4 centaines de places du centre de congrès de Namur, vendredi soir, bien garnies par des régionalistes wallons ("La Libre" de jeudi). "Ceci n'est pas le combat passéiste de sexagénaires", leur dira Raymond Coumont, président de la CSC wallonne. "Tout ça nous rajeunit. Pas par nostalgie : parce qu'elles nous rappellent nos revendications d'il y a 25 ans", poursuivra l'écrivain Thierry Haumont. Reste que l'épreuve de la moyenne d'âge s'avère plus redoutable que celle de l'audience. Heureusement, de la jeunesse habite la délégation fouronnaise. Et, on le devine, des militants syndicaux. Tandis que, côté politique, on ne repère que des PS : les élus de la carte blanche ("Soyez rebelles !", leur demandera la salle) et des Van Cau, Happart, Eerdekens ou Lizin.
Président du Mouvement du manifeste wallon, premier mais pas seul instigateur du rassemblement, Jean Louvet en fixe les objectifs : "Non à l'indivisibilité de la Wallonie; réaffirmation de notre profession de foi fédéraliste; mobilisation". C'est que, poursuit le dramaturge, "la Wallonie disparaît trop des commentaires, débats, projets. Nous sommes noyés dans une véritable francophomanie orchestrée et redoutable".
Les suivants font chorus. Ce n'est pas vraiment à l'Etat belge qu'ils s'en prennent, tant au moins qu'il assure une sécurité sociale forte. Ni forcément à la Flandre. Ni à Bruxelles - au contraire, ses régionalistes en herbe ont droit de parole. Mais au "communautarisme, qui est un poison. Le fait communautaire menace notre existence, dommageable tant pour Bruxelles que pour la Wallonie", dixit Haumont. Jean-Claude Vandermeeren, secrétaire général de la FGTB wallonne, l'a précédé : "Bloc francophone contre bloc flamand, c'est une sorte de nationalisme qui ne se base que sur la langue. Cela ne nous intéresse pas". Et Nico Cué, (métallos FGTB) : "Le régionalisme n'est pas repli. C'est l'affrontement Communauté contre Communauté qui l'est". Et Christophe Collignon (PS) : "La Wallonie est confrontée à un écueil nouveau, le front francophone".
Mais voilà. Pour Jean Pirotte, président de la Fondation Humblet, "on ne fera pas rentrer le coq wallon dans le poulailler de la belgitude francophone". On l'imagine, "l'Etat Wallonie-Bruxelles" d'Olivier Maingain est éreinté. De même que le schéma "à 4 autorités" de Marc Uyttendaele, qualifié de "lamentable" (Haumont) et "cynique" (Pirotte). M. Vandermeeren, qui en fait partie, tient à démentir : non, tout le groupe de réflexion entre francophones n'a pas applaudi le constitutionnaliste. Pas besoin de le dire, "l'absurde" Communauté française (André Beauvois, CGSP) ne passe pas la rampe. "Vous êtes durs avec elle", dira même... nul autre que Jean-Maurice Dehousse, en cours de débat - passablement plus incantatoire.
Bref, c'est le fédéralisme à 3 Régions égales en droits qui est "fondamental" (Yves Hayez, Fédération des agriculteurs). Par-delà nuances et chapelles, il y a consensus là-dessus. La résolution finale, "pour un projet politique mobilisateur", demande notamment : le maintien des institutions wallonnes à Namur; l'épanouissement de la Flandre, de la Wallonie, de Bruxelles, de la Communauté germanophone; la maîtrise et la gestion par la Wallonie des compétences culturelles au sens le plus large (culture, enseignement, sports, recherche, jeunesse, médias).
© La Libre Belgique 2008
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