« Pourquoi les Wallons ont-ils si peur de la Wallonie ? »
Titre de l’édito de Luc Van der Kelen dans « Het Laatste Nieuws » du jeudi 16 janvier 2008
Pourquoi les Wallons sont-ils si réticents à l’idée d’autonomie ? Ce ne fut pas toujours le cas. En 1970, la première réforme de l’Etat s’est faite à la demande du PSC, devenu entretemps le CDH. Ce n’est donc pas par pur amour de la Belgique. Et je repose donc la question : pourquoi les Wallons ont-ils si peur de la Wallonie ? Serait-ce parce qu’ils n’ont pas confiance dans la gestion de leurs leaders ? Ou parce qu’ils n’ont plus confiance en eux à cause du déclin de leur économie ? C’est très étrange qu’une région réponde « laissons cela », même lorsqu’on lui offre à la fois le pouvoir de décision et l’argent. C’est vraisemblablement la seule région du monde à réagir ainsi.
De l’autre côté de la frontière linguistique, en Flandre, c’est presque l’inverse. La confiance en soi est tellement exagérée que c’est quasi devenu l’autonomie pour l’autonomie, avec un cliché comme slogan national. Ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux. La Flandre en est toujours au concept du début du 20e siècle, celui d’un nationalisme obsessionnel. Mais l’autonomie doit avoir un but : cela doit mener à une meilleure gestion, donc à un usage plus efficace de l’argent des contribuables. Si cela reste limité à une exigence de principe, cela ressemble fort à un jeune de 16 ans qui ne peut pas attendre d’en avoir 18 ans pour être son propre patron, libéré de la tutelle du père. Pour constater ensuite que cette indépendance ne vaut rien si on n’a pas de plan pour la remplir de façon sensée.
Il doit en aller de même avec la réforme de l’Etat qui est actuellement négociée, avec beaucoup de scepticisme autour et à côté de la table. Le président Leterme a pour mission de convaincre tous les participants qu’ils seront gagnants avec ce seul principe : des régions plus fortes dans une fédération forte. Les parties et l’ensemble doivent se renforcer. Et c’est possible, si les régions peuvent mener une politique différenciée dans le cadre global de référence. Une politique qui colle de plus près aux nécessités de chaque région, sans perdre de vue l’intérêt général. Les Wallons et les Bruxellois devraient aller dans le sens d’une telle autonomie, sans se laisser effrayer par les apôtres de l’immobilisme.
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