lundi 10 décembre 2012

POURQUOI JE M'INTERESSE A CE DEBAT ?




Connaissant mon approche pragmatique du thème de la solidarité, on me demande pourquoi je m'intéresse au débat institutionnel belge.

Tout simplement parce qu'il est intimement lié à tous les aspects de notre vie quotidienne contrairement à ce que certains veulent nous faire croire.

Prenons aujourd'hui l'exemple de ce que l'on nomme "l'intégration" et ses liens ou non avec la pauvreté et l'exclusion, avec la "cohésion sociale" et lisons les conclusions du document de Mme Gsir intitulé " Belgique : intégration et cohésion sociale" :

Au cours des années nonante, les politiques d’intégration en Belgique sont surtout associées à la question de l’exclusion sociale dans toute la Belgique. «L’intégration des immigrés n’est perçue que sous l’angle des désavantages sociaux. De cette interprétation découlent des politiques sociales, notamment fédérales telles que la lutte contre l’exclusion et le chômage, les contrats de sécurité, etc. disposant de budgets importants. Ces politiques visent soit des catégories sociales, les chômeurs par exemple, soit des territoires.»

1) Pas de modèle belge, des approches pragmatiques

Il n’y a pas un modèle belge de l’intégration mais plutôt différentes approches qui évoluent parallèlement. Comme toujours en Belgique on essaie de trouver un compromis pragmatique en fonction de l’équilibre politique du moment.

L’approche flamande : l’intégration des minorités

L’approche en Flandre est influencée par le modèle multiculturaliste des Pays-Bas voisins.

Elle consiste à donner une place particulière aux migrants désignés comme allochtones par opposition aux autochtones. La politique d’intégration est basée sur des populations-cibles.

Les minorités ethnoculturelles y sont reconnues non pas en raison de leurs propres revendications mais plutôt, comme l’explique le sociologue Andrea Rea, suite à une prise de conscience d’une Flandre dont la culture avait été ignorée et minorisée au temps de la Belgique francophile. Par cette reconnaissance, s’affirme une volonté de ne pas faire subir aux nouvelles minorités une domination linguistique que les Flamands ont subie auparavant de la part des francophones.

Par ailleurs, une politique spécifique est développée pour l’intégration des primo-arrivants.

Plusieurs chercheurs flamands qui étudient la politique d’intégration constatent qu’il a « un glissement d’une idée collective d’intégration (avec maintien de la propre identité, où la responsabilité se trouve surtout auprès de la société et l’autorité hôtes, vers une idée individuelle d’intégration (citoyenneté et intégration civique), où la responsabilité se trouve surtout auprès des minorités mêmes.»

L’approche en Wallonie et en Communauté française : la lutte contre l’exclusion sociale

La Wallonie est, quant à elle, influencée par la France qui prône l’assimilation au nom de l’égalité. Dès lors, les politiques s’orientent plutôt sur la lutte contre l’exclusion sociale. Les minorités ethnico-culturelles ne sont pas visées en tant que telles. L’intégration des migrants doit se faire par une politique sociale générale destinée à toutes les populations socioéconomiquement défavorisées. Cette politique est formulée en fonction de territoires, de zones à cibler et non pas de groupes cibles particuliers.

L’approche ‘hybride’ à Bruxelles

La Région de Bruxelles-Capitale qui compte le plus d’étrangers ne dispose pas vraiment une politique d’intégration coordonnée. Mais elle est influencée par celles des deux régions et finalement, comme l’a exprimé Emmanuelle Le Texier, Bruxelles expérimente une intégration ‘hybride’

L’approche fédérale : de la citoyenneté vs nationalité à la diversité

Enfin au niveau fédéral, la perspective de l’intégration par la nationalité a longtemps dominé la conception de l’intégration par la citoyenneté. Récemment, elles sont, en quelque sorte, réconciliées puisque d’une part, la Belgique s’est dotée d’un code de la nationalité très libéral et d’autre part, le droit de vote aux élections locales a été accordé aux étrangers.

Le Dialogue interculturel a posé de nouveaux jalons pour une approche de l’intégration qui s’éloigne de plus en plus de l’idée que s’intégrer c’est s’assimiler ou devenir invisible. Pour cette nouvelle politique qui encourage la diversité culturelle, intégrer est devenu permettre à chacun de participer de manière égale à la vie en société, sans perdre le respect d’autrui, et de mener ainsi une vie épanouie.

2) Au-delà des discours…

Dès les années nonante, la Flandre et la Communauté française (puis la Région wallonne) ont développés des politiques d’intégration différentes. Cependant, il faut souligner que si des divergences s’affirment clairement dans les discours. Au niveau de la pratique, on remarque certaines convergences et les résultats obtenus ne sont peut-être pas si différents.

En outre, il faut aussi constater que l’évolution va dans le sens d’une politique d’intégration qui en Flandre devient un peu moins multiculturaliste alors qu’en Wallonie, cette politique se ‘multiculturalise’. Il y a une tendance nette au recentrage.

Enfin, s’interroger sur l’intégration, c’est se poser la question du comment. De quelle manière intégrer ? C’est aussi se poser la question du qui. Qui cherche-t-on à intégrer ? Et là de toute évidence, en Belgique, il y a un agenda différent pour les primo-arrivants d’une part, et pour les migrants qui sont déjà là, d’autre part. Pour les premiers, la tendance est clairement assimilationniste alors que pour les autres immigrants, c’est moins une question d’intégration qui se pose que de lutte contre les discriminations."


21.10.07
 

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